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65. ENCYCLOPEDIE

CONSTRUCTION MUSICALE – LE CANON: En musique, le «canon» présente une structure de construction particulièrement intéressante. Exemples les plus connus: «Frère Jacques», «Vent frais, vent du matin» ou encore le canon de Pachelbel Le canon est bâti autour d'un thème unique dont les interprètes explorent toutes les facettes en le confrontant à lui-même. Une première voix commence par exposer le thème. Après un temps prédéterminé, une seconde voix le répète puis une troisième voix le reprend.

Pour que l'ensemble fonctionne, chaque note a trois rôles à jouer:

1. Tisser la mélodie de base.

2. Ajouter un accompagnement à la mélodie de base.

3. Ajouter un accompagnement à l'accompagnement et à la mélodie de base.

Il s'agit donc d'une construction à trois niveaux dans laquelle chaque élément est, selon son emplacement, à la fois vedette, second rôle et figurant. On peut sophistiquer le canon sans ajouter une note, simplement en modifiant la hauteur, un couplet dans l'octave au-dessus, un couplet dans l'octave au-dessous.

H est aussi possible de compliquer le canon en lançant la seconde voix rehaussée d'une demi-octave. Si le premier thème est en do, le second sera en sol, etc. On peut compliquer davantage encore le canon en agissant sur la rapidité du chant. Plus vite: tandis que la première voix interprète le thème, la deuxième le répète deux fois à toute vitesse. Plus lent: tandis que la première voix interprète la mélodie, la deuxième la répète deux fois plus lentement. De même, la troisième voix accélère ou ralentit encore le thème, d'où un effet d'expansion ou de concentration.

Le canon peut encore se sophistiquer par l'inversion de la mélodie. Quand la première voix s'élève en jouant le thème principal, la seconde alors descend. Tout cela est bien plus facile à réaliser lorsqu'on dessine les lignes de chant comme les flèches d'une grande bataille.

Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, tome III.

66. MAXIMILIEN FAIT LE POINT

On n'entendait que le bruit des mandibules. Maximi-lien avala silencieusement son plat.

Au sein de sa famille, finalement, il s'ennuyait ferme. À bien y réfléchir, il avait épousé Scynthia pour épater ses copains.

Elle représentait un trophée et il était vrai que les autres l'avaient envié. Le problème, c'est que la beauté ne se mange pas en salade. Scynthia était belle, mais ce qu'il s'ennuyait! Il sourit, embrassa tout le monde puis se leva pour s'enfermer dans son bureau et jouer au jeu Évolution.

Évolution le passionnait de plus en plus. Il s'empressa de créer une civilisation aztèque qu'il parvint à amener jusqu'en 500 av. J.-C., en bâtissant une dizaine de villes et en envoyant des galères aztèques sillonner les mers à la recherche de nouveaux continents. Il pensait que ses explorateurs aztèques découvriraient l'Occident vers 450 av. J.-C. mais une épidémie de choléra décima ses cités. Des invasions barbares finirent d'anéantir ses métropoles malades, de sorte que la civilisation aztèque du commissaire Linart fut détruite avant l'an 1 de son calendrier.

– Tu joues mal. Quelque chose te préoccupe, signala Mac Yavel.

– Oui, concéda l'humain. Mon travail.

– Veux-tu m'en parler? proposa l'ordinateur.

Le policier tiqua. Jusqu'alors, l'ordinateur n'avait été pour lui qu'une sorte de majordome qui l'accueillait lorsqu'il allumait sa machine et le guidait dans les méandres d'Évolution. Qu'il quitte le domaine du virtuel pour s'ingérer dans sa «vraie» vie était pour le moins inattendu. Pourtant, Maximilien se laissa aller.

– Je suis policier, dit-il. Je mène une enquête. Une enquête qui me cause beaucoup de souci. J'ai sur le dos une histoire de pyramide qui a poussé comme un champignon, en pleine forêt.

– Tu peux m'en parler ou c'est un secret?

Le ton badin, la voix presque sans accent synthétique, de la machine surprit Maximilien, mais il se rappela que depuis peu il existait sur le marché des «simulateurs de conversation» capables de donner le change en faisant croire à un dialogue naturel. En fait, ces programmes se contentaient de réagir à des mots-clefs et répondaient au moyen de techniques de discussion simples. Ils inversaient la question: «Tu crois vraiment que…» ou bien ils recentraient: «Parlons plutôt de toi…» Rien de sorcier là-dedans. Mais Maximilien n'en était pas moins conscient qu'en acceptant de converser avec son ordinateur, il établissait un lien privilégié avec une simple machine.

Il hésita; il n'avait au fond personne avec qui parler vraiment. Il ne pouvait discuter d'égal à égal ni avec ses élèves de l'école de police ni avec ses subordonnés, lesquels prendraient le moindre relâchement pour un signe de faiblesse. Dialoguer avec le préfet, qui était son supérieur, était impossible. Comme la hiérarchie isolait tous les humains! Il n'était jamais parvenu, non plus, à communiquer avec sa femme ou avec sa fille. De communication, Maximilien ne connaissait finalement que le dialogue unilatéral proposé par son téléviseur. Ce dernier lui racontait en permanence des tas de jolies choses mais ne voulait rien entendre en retour.

Peut-être cette nouvelle génération d'ordinateurs était-elle destinée à combler cette lacune.

Maximilien s'approcha du micro de l'engin.

– Il s'agit d'un bâtiment construit sans autorisation dans une zone protégée de la forêt. Lorsque je colle une oreille contre la paroi, j'entends à l'intérieur des bruits qui semblent provenir d'émissions télévisées. Mais dès que je frappe, les bruits cessent. Il n'y a pas de porte, pas de fenêtres, pas le moindre trou. J'aimerais bien savoir qui réside à l'intérieur.

Mac Yavel lui posa plusieurs questions précises en rapport avec son problème. Son iris s'étrécit, signe d'intense attention. L'ordinateur réfléchit un moment puis lui signala qu'il ne voyait aucune autre solution que de retourner à la pyramide avec une escouade d'artificiers et d'en faire sauter les parois de béton.

Décidément les ordinateurs ne font pas dans la nuance.

Maximilien n'en était pas encore arrivé à cette décision extrême, mais il admit qu'il aurait fini par y parvenir. Mac Yavel n'avait fait qu'accélérer son analyse. Le policier remercia la machine. Il voulut se remettre à jouer à Évolution; à ce moment l'appareil lui rappela qu'il avait oublié de nourrir ses poissons.

A cet instant, pour la première fois, Maximilien se dit que l'ordinateur était en train de devenir un ami et cela l'inquiéta un peu car il n'avait jamais eu de vrai ami.

67. LE TRES OR SEXUEL

103e est venue à bout de la scorpionne. Les petits scorpions orphelins, qui observaient la scène de loin, détalent cette fois-ci sans se retourner, conscients qu'ils doivent désormais se débrouiller seuls dans un monde sans lois autres que celles qu'ils parviendront à imposer par la force de leur fouet caudal empoisonné.

Les douze fourmis exploratrices qui ont été invitées à entrer ovationnent olfactivement leur vieille championne. La reine des guêpes papetières consent à lui délivrer sa gelée hormonale. Elle entraîne la soldate dans un recoin de sa cité grise de papier et lui désigne un endroit où patienter.

Ensuite, la reine des guêpes se concentre et régurgite une salive brune qui sent très fort. Chez les hyménoptères, ouvrières, soldates et reines contrôlent parfaitement leur chimie interne. Elles sont capables d'augmenter ou de baisser à volonté leur sécrétion hormonale, afin de diriger aussi bien leurs fonctions digestives que leur endormissement, leur perception de la douleur que leur nervosité.

La reine des guêpes papetières parvient à produire de la gelée royale composée d'hormones sexuelles presque pures.

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