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Prince 24e rabat ses antennes.

Cette fois, c'est fini. Elles sont trop nombreuses.

Les premières légions d'artilleuses néo-belokaniennes sont en train de s'aligner pour défendre la capitale. Abdomen dardé, elles sont prêtes à faire feu. En face, l'armée ennemie n'en finit pas de s'étirer. Elles sont des millions.

103e regrette de s'être souciée aussi peu de ses relations diplomatiques avec les cités voisines. Après tout, la Nou-velle -Bel-o-kan en avait accueilli au départ beaucoup de représentantes. Mais, toute à ses préoccupations techniques, elle ne s'est pas aperçue que des cités entières étaient en plein malaise.

5e vient annoncer une mauvaise nouvelle. Les déistes refusent de participer à la bataille. Elles considèrent que ce n'est pas la peine de se battre puisque, de toute manière, ce sont les dieux qui décident de l'issue des combats. Elles promettent cependant de prier.

Est-ce là le coup de grâce? Et cette colonne ennemie qui surgit du talus et s'étire, s'étire toujours.

Des ingénieurs du feu, du levier et de la roue la rejoignent. La princesse demande que toutes réunissent leurs antennes. Il faut ensemble inventer une arme pour les tirer de ce mauvais pas.

Princesse 103e sort de son cerveau toutes les images de guerre des Doigts qui lui restent en mémoire. Avec ce qu'on connaît déjà, le feu, le levier, la roue, il faut improviser une ressource nouvelle. Les trois notions tournent dans les cerveaux insectes et s'y entremêlent. Si elles ne trouvent pas rapidement une idée, elles le savent, c'est la mort.

153. ENCYCLOPÉDIE

AINSI NAQUIT LA MORT : La mort est apparue il y a précisément sept cents millions d'années. Jusque-là, et depuis quatre milliards d'années, la vie s'était limitée à la monocellularité. Sous sa forme monocellulaire, elle était immortelle puisque capable de se reproduire pareillement et à l'infini. De nos jours, on trouve encore des traces de ces systèmes monocellulaires immortels dans les barrières de corail. Un jour, cependant, deux cellules se sont rencontrées, se sont parlé et ont décidé de fonctionner ensemble, en complémentarité. Sont apparues alors des formes de vie multicellulaires. Simultanément, la mort a fait aussi son apparition. En quoi les deux phénomènes sont-ils liés?

Quand deux cellules souhaitent s'associer, elles sont contraintes de communiquer et leur communication les porte à se répartir les tâches afin d'être plus efficaces. Elles décideront par exemple que ce n'est pas la peine que toutes deux œuvrent à digérer la nourriture, l'une digérera et l'autre repérera les aliments.

Par îa suite, plus les rassemblements de cellules ont été importants, plus leur spécialisation s'est affinée. Plus leur spécialisation s'est affinée, plus chaque cellule s'est fragilisée et, cette fragilité ne faisant que s'accentuer, la cellule a fini par perdre son immortalité originelle.

Ainsi naquit la mort. De nos jours, nous voyons des ensembles animaliers constitués d'immenses agrégats de cellules extrêmement spécialisées et qui dialoguent en permanence. Les cellules de nos yeux sont très différentes des cellules de notre foie et les premières s'empressent de signaler qu'elles aperçoivent un plat chaud afin que les secondes puissent aussitôt se mettre à fabriquer de la bile bien avant l'arrivée du mets dans la bouche. Dans un corps humain, tout est spécialisé, tout communique et tout est mortel.

La nécessité de la mort peut s'expliquer d'un autre point de vue. La mort est indispensable pour assurer l'équilibre entre les espèces. Si une espèce pluricellu-îaire se trouvait être immortelle, elle continuerait à se spécialiser jusqu'à résoudre tous les problèmes et devenir tellement efficace qu'elle compromettrait la perpétuité de toutes les autres formes de vie. Une cellule du foie cancéreuse produit en permanence des morceaux de foie sans tenir compte des autres cellules qui lui disent que ce n'est plus nécessaire. La cellule cancéreuse a pour ambition de retrouver cette ancienne immortalité, et c'est pour cela qu'elle tue l'ensemble de l'organisme, un peu comme ces gens qui parlent tout seuls en permanence sans rien écouter autour d'eux. La cellule cancéreuse est une cellule autiste et c'est pour cela qu'elle est dangereuse. Elle se reproduit sans cesse, sans tenir compte des autres et, dans sa quête folle d'immortalité, elle finit par tout tuer autour d'elle.

Edmond Wells, Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, tome III.

154. MAXIMILIEN EXPLORE

Maximilien rentra en claquant la porte.

– Qu'y a-t-il, chéri? Tu parais nerveux, remarqua Scynthia.

Il la regarda et essaya de se souvenir de ce qui lui avait plu chez cette femme.

Il se retint de lui répondre quelque chose de méchant et se contenta de sourire en gagnant son bureau à grands pas.

Depuis ce matin, il y avait installé son aquarium et ses poissons, et il avait confié à Mac Yavel la gestion de son univers aquatique. L'ordinateur ne s'en tirait pas trop mal. En contrôlant le distributeur électrique de nourriture, la résistance chauffante et le robinet d'arrivée d'eau, il parvenait à veiller parfaitement à l'équilibre écologique de ce milieu artificiel. Mac Yavel avait tout naturellement inventé l'aquariophilie assistée par ordinateur et les poissons en étaient visiblement enchantés.

Le policier enclencha Évolution. Il suscita une petite nation insulaire de type anglais et sut l'amener à développer une technologie de pointe du seul fait qu'elle se retrouvait isolée et à l'abri des champs de bataille des civilisations voisines. Il la dota ensuite d'une flotte moderne afin de monter des comptoirs commerciaux un peu partout dans le monde. Il obtint de bons résultats mais, le Japon ayant opté pour la même stratégie, il en résulta une guerre sans merci et, en 2720, les Nippons battirent les Anglais grâce à leurs meilleurs satellites.

– Tu aurais pu gagner, remarqua sobrement Mac Yavel.

Maximilien s'agaça:

– Qu'est-ce que tu aurais fait puisque tu es si malin?

– J'aurais assuré une meilleure cohésion sociale, en instaurant par exemple le vote des femmes. Les Japonais n'y ayant pas songé, il aurait régné une meilleure ambiance dans tes villes, il y aurait eu un meilleur moral, donc une meilleure créativité des ingénieurs militaires, donc des armes meilleures et une plus grande motivation. Cela aurait suffi à te donner l'avantage.

– On se perd dans les détails…

Maximilien étudia les cartes et les champs de bataille puis mit un terme au jeu et resta là, sur sa chaise, le regard perdu face à l'écran. L'œil de Mac Yavel s'y agrandit et battit des paupières pour attirer son attention.

– Alors, Maximilien, tu te fais encore du souci pour ta Révolution des fourmis?

– Oui, tu peux encore m'aider?

– Bien sûr.

Mac Yavel effaça l'image de son œil, lança son modem d'autoprogrammation pour se brancher sur le réseau. Il prit quelques autoroutes, rejoignit des routes, puis des pistes de circulation de bits qui lui semblaient connues. Il afficha bientôt:

«Serveur de la SARL Révolution des fourmis».

Maximilien se pencha vers l'écran. Mac Yavel avait trouvé quelque chose de très intéressant.

«C'est donc ainsi qu'ils continuent à exporter leur révolution à la noix. Ils se sont débrouillés pour se procurer une connexion téléphonique par satellite et leurs informations circulent sans problème sur le réseau», comprit le policier.

Le menu du serveur signala que désormais la SARL «Révolution des fourmis» avait pour filiales:

– Le «Centre des questions».

– Le monde virtuel Infra-World.

– La ligne de vêtements «Papillon».

– L'agence d'architecture «Fourmilière».

– La ligne de produits alimentaires naturels «Hydromel».

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