21. On le découvre, elle est parée, Pour être mise en mauvais lieu; On la lie, elle est bâillonnée, On la descend chez la R’nidieu. Aux libertins elle est livrée, À la luxure on l’asservit; S’elle diffère, elle est châtiée, Sur elle chacun s’assouvit. 22. Edmond que la fureur gouverne, Ne cherche qu’à venger sa sœur, En Angleterre, à la taverne, D’Ursule; il trouve le trompeur. Hors par les cheveux il l’entraîne: – Scélérat! dit-il, dans ton flanc, Que ce fer guidé par ma haine, Cherche la source de ton sang! 23. Edmond revenu d’Angleterre, Avec les méchants se mêla. Il se plongea dans la misère; Il s’engagea, puis déserta. Pris, on va lui casser la tête, Il n’en est point épouvanté, Pour lui mourir est une fête, Sans songer à l’éternité! 24. Le malheureux livrant son âme. Au goût des plaisirs crapuleux, Dans un lieu de commerce infâme. Ursule et lui se voient tous deux. De leur abandon ils gémissent, – Ciel! où te vois-je! en quel séjour!… Ma sœur!… – Edmond!… Ils gémissent. Des fruits d’un impudique amour. 25. Mais, hélas! bientôt ils oublient. Ces bons sentiments de remords; Pour faire mal tous deux s’allient, Par le plus détestable accord. Tombés au fond du gouffre immonde, Edmond d’Ursule est souteneur, C’est sur Edmond qu’elle se fonde, Pour s’abandonner sans pudeur. 26. Ursule, toujours plus hardie, En écarts de perversion, Gagne une laide maladie, Venant de prostitution: Défaite, difforme, ulcérée, À son frère elle fait horreur; À l’hôpital elle est placée, Afin d’y cacher sa laideur. 27. Lors Gaudet qui l’a pervertie, Veut la venger de son malheur; Il va chercher en Italie, La fille de son oppresseur. Il la corrompt, il l’humilie; Ursule en voit le déshonneur; Mais cette innocente punie. Est pour elle un objet d’horreur. 28. Elle commence à reconnaître. L’auteur de sa corruption; Il a rendu par une lettre. Hommage à la religion: Lors Ursule désespérée, – Qu’as-tu fait, malheureux trompeur, Pourquoi donc me l’avoir ôtée, Cette foi qui mène au bonheur. 29.
L’âme d’Edmond n’est point touchée. Du sort malheureux de sa sœur; Aurore, fille débauchée, À Zéphire enlève son cœur. Cette Zéphire généreuse. Qui dans son mal l’a soulagé, Au sein du vice est vertueuse; Ursule par elle a changé. 30. Cette aimable samaritaine. Pour Ursule fut un miroir, Et, sa pareille, rompt la chaîne. Qui la liait au désespoir: – Ah! je vois, dit l’infortunée, Que Dieu pourra me pardonner; C’est la vertu qu’il m’a montrée, Zéphire va m’y ramener! 31. Sitôt elle fit pénitence, Et comme sainte elle vécut; Édifiant par sa repentance. Des créatures le rebut: Humble, et de ses pleurs inondée, La dernière elle se mettait, Et la plus grande abandonnée. Toujours au-dessus d’elle était. 32. Pendant ce temps, Edmond son frère, Moins durement par Dieu frappé, Brave la céleste colère. Et se livre à la saleté: Il séduit une blanchisseuse, Trompe la fille d’un marchand; Au billard une revendeuse, À ses mauvais désirs se rend. 33. Il s’amuse avec des crieuses, Objets de sa brutalité; Il courtise des écosseuses, Qui tentent sa lubricité: Le cœur d’une coquette orfèvre, En Savoyard il pénétra; Le même soir il prit le lièvre. Avec cent louis qu’il présenta. |