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8.

Ursule alors vint à la ville,
Avec madame Parangon;
Contre Edmond ce fut un asile,
Ainsi que la tante Canon:
Puis avec l’aimable Fanchette,
Toutes allèrent à Paris;
Mais de loin sa flâme sécrète.
Encor plus troubla ses esprits.

9.

Cependant il revoit Edmée.
Il est séduit par Madelon;
Sans oublier sa bien-aimée;
Il courtise chaque tendron.
L’une à l’apport il a connue,
À l’autre Gaudet l’a lié;
Pour femme l’une est bien venue,
L’autre sert à la volupté.

10.

La belle dame qui projette.
De lui faire épouser sa sœur,
Veut le sauver d’une coquette,
À la grisette ôter son cœur:
De la jeune et belle Fanchette.
Elle veut qu’il soit amoureux;
Hélas! l’innocente brebiette.
Se livre à ses coupables feux!

11.

Un jour étant seule avec elle,
Il vint se mettre à ses genoux.
– Pour mon malheur vous êtes belle,
Car je vais périr, de vos coups:
Mais d’amour s’il faut que je meure,
Ne vous en applaudissez pas!
Cruelle! je veux tout à l’heure,
Venger ma mort sur vos appas!

12.

Furieux, sur elle il s’élance,
Il brave et ses pleurs et ses cris.
Il la presse avec violence,
Il contient ses membres meurtris:
Alors employant la prière,
Elle invoque son amitié!
– Non, répond-il, âme trop fière,
Pour l’amour tu fus sans pitié!

13.

De cette dame la ruine.
D’Edmond ne fut le coup d’essai:
Trompant Laurote sa cousine,
Avec son sang il a méfait:
Sa femme ayant su l’aventure,
Dans un tel chagrin elle entra,
Que par un fait contre nature,
Sur elle-même elle attenta.

14.

Cependant, Ursule coquette.
Avait des galants à Paris:
De tous écoutant la fleurette,
Elle recevait leurs écrits.
Mais une peine méritée,
De ses écarts fut le guerdon;
D’un marquis elle est enlevée,
Et Dieu la laisse en abandon.

15.

Aussitôt Edmond plein de rage.
Du tort qu’on a fait à sa sœur,
Court à Paris venger l’outrage.
Qu’elle a reçu dans son honneur.
Lui, qui blessa par adultère,
D’un autre époux les droits acquis,
Il ne songe dans sa colère.
Qu’à battre en duel le marquis.

16.

Après avoir par sa victoire,
Satisfait son ardent courroux,
De la plus véritable, gloire.
Il ne se montre point jaloux.
Ses torts au marquis il pardonne,
Et de la marquise amoureux,
Par Ursule qu’il abandonne,
Il se fait servir dans ses feux.

17.

Tous deux dans le libertinage,
On les vit marcher à grands pas.
Mais la sœur, plus faible et moins sage,
Alla plus loin, tomba plus bas.
Par Gaudet étant pervertie,
Elle commit mille forfaits…
La pensée en serait salie,
Si la langue en disait les traits.

18.

Mais Dieu la frappa la première,
De sa toute-puissante main,
Pour avoir fait tomber son frère,
Comme l’Ève du genre humain.
Un méchant, contre elle en furie,
Par ses gens la fait enlever;
À son porteur d’eau la marie,
Par son nègre la fait forcer!

19.

Par ses valets elle est moquée,
Pour arroser porte de l’eau;
Dans une mare elle est plongée,
On la vêt d’habits en lambeaux.
Pour lui faire signer la vente.
De tout ce qu’elle posséda,
Du pied, d’une main assommante.
Le porteur d’eau l’écalventra.

20.

De mille horreurs l’infortunée.
Fut la victime en ce séjour:
Au nègre elle est abandonnée,
On l’enferme dans une cour:
Comme une chienne elle est traitée;
On la met dans le même endroit;
Par le nègre elle en est tirée;
Par le poignard elle s’en défait.
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