Lettre 155. Ursule, à Fanchon.
[Elle n’ose offrir elle-même ses respects, à la nouvelle année.].
1er janvier 1761.
Je te prie, ma chère sœur, de mettre aux pieds de nos très chers père et mère, les vœux de leur indigne fille: ta médiation les rendra moins téméraires. Quant à toi, mon amie sœur, et à toute notre famille, je vous demande la permission de vous les offrir moi-même.
Mme Parangon m’oblige à te marquer que M. le conseiller, qui est veuf, pense à moi de nouveau. Je n’ose arrêter ma pensée sur aucun mariage, quel qu’il soit: voilà mon sentiment, si j’ai droit d’en avoir un, après avoir si longtemps abusé de ceux que j’ai eus autrefois; si j’en suis crue, il cessera sa poursuite: je me regarde comme trop indigne de lui. D’ailleurs, je songe que j’ai un fils. Tous les jours, depuis que Dieu m’a fait la grâce de le reconnaître, je lui offre mes prières pour ce cher enfant, à qui je n’aurais donné que la vie, et mauvais exemple (s’il m’était resté). Je suis, avec respect, ma chère sœur,
Votre humble servante à tous.
URSULE PÉCHERESSE.