Lettre 156. Gaudet, à Edmond.
[Il adopte un fils d’Edmond.].
1er mars.
K** te remettra cette lettre, et une de recommandation pour lui, que j’ai cru devoir lui donner. Lis ma lettre, promets, et ne tiens rien: c’est un sujet dangereux, qu’il ne faut pas initier.
Voilà donc Ursule à Au**! La voilà enparangonnée ! La voilà dévote, pénitente; la voilà femme enfin, dans toute la signification du terme, c’est-à-dire, extrême en tout! Varium et semper mutabile femina! Si elle devait être ainsi, j’ai eu tort de vouloir la guider!… J’y suis attrapé souvent! toutes les fois que j’ai voulu conduire quelqu’un, d’après mes principes, ou j’en ai fait des scélérats, ou j’ai trouvé des âmes timides, incapables d’effort: tu es le seul avec qui j’aie réussi: aussi mon amitié pour toi n’a-t-elle jamais été si vive; tu es un second moi-même: et pour te le prouver, ne pouvant plus espérer d’avoir de ta sœur ce que j’en attendais, car la voilà presque morte, je renonce à l’avoir de toute autre femme; j’adopte le fils de mon ami , et de la vertu dans le vice , de Mme Zéphire enfin. J’aime le père comme moi-même; j’admire la mère, je la regarde en sœur chérie, et je vais faire mon héritier de l’être aimable, qui doit le jour à ces deux êtres si chers à mon cœur. Tout est terminé; quand il s’agit de te marquer mon amitié, toutefois et quand tu verras. Je vais faire, sache que cela signifie, j’ai fait . C’est une donation pure et simple, accompagnée d’une tradition actuelle: M. Trismégiste accepte, comme il le faut, pour l’enfant: la mère a signé; tu signeras comme ami, ainsi que Laure; je voudrais que tous nos amis signassent, non par ostentation, tu me connais, mais pour montrer plus clairement mon amitié pour toi.
J’ai une idée: en conséquence de la loi, Pater est , qui empêchera que Zéphirin ne soit un jour le mari d’Edmée-Colette ?