Lettre 162. Le Marquis de***, à Ursule.
[Il la demande en mariage.].
8 septembre.
Mademoiselle,
Vous vous rappelez ce que j’eus l’honneur de vous dire, lorsque je vous envoyai votre fils, il y a un an. Sans vous parler ici de mes anciens sentiments, qui ne peuvent influer en rien sur les dispositions d’une personne telle que vous êtes aujourd’hui, je me contenterai de vous représenter que c’est à l’héritier d’une grande maison que vous pouvez donner un état; et pour tout dire à un cœur comme le vôtre, à votre fils. Ce n’est pas ici un acte de bienfaisance ou de pure générosité, c’est une justice, c’est un devoir; je serai absolument nul dans cette affaire, si vous le voulez: mais il faut que la mère de mon fils soit marquise de***, pour qu’il prenne le titre de comte de***, que portait mon père. Je n’en dis pas davantage à une femme telle que vous; la raison et la religion vous diront le reste.
Je suis très respectueusement, Votre, etc.
LE MARQUIS DE***.
P.-S. – Ma mère se joint à moi, pour vous faire la même demande. Elle chérit son petit-fils qui, vous le savez, est beau comme l’amour, et qui annonce les plus heureuses dispositions. Je prie Mme la comtesse de vouloir bien mettre ici un mot.
De la Comtesse de***.
Je désire ardemment, mademoiselle, le mariage que vous propose mon fils; je rendrai cette union la plus solennelle que je pourrai, et toute la famille du marquis s’y trouvera.
Je vous embrasse de tout mon cœur.
LA COMTESSE DE ***.