Lettre 116. Ursule à Laure.
[Chez une libertine, tout est libertin, et fait horreur.].
20 juillet.
On n’y saurait tenir. Edmond me fait tourner la tête! je crois qu’il se convertit, ou que désolé des infidélités de la marquise, il veut s’en venger sur moi! Il faudra que j’en vienne au moyen que je t’ai dit. Il m’a surprise ce matin avec mon page; tu sais bien? Dans la pièce d’à côté, Marie était avec le cocher, dans la même situation que sa pauvre maîtresse; et Trémoussée faisait le trio dans ma garde-robe avec le laquais. Il a vu tout cela, et il est venu m’en faire les plaintes les plus amères, dès que j’ai été libre. Il a pleuré: je me suis jetée à son cou; j’ai encore le défaut d’être sensible; et je l’ai adouci. Mais c’est toujours à recommencer. Je vais achever de secouer le scrupule.
Je désirerais que tu me prêtasses ton appartement pour une intrigue nouvelle, avec un homme qui n’est pas de mise dans ma société: c’est un gros Américain, bête, brutal, et fort laid; mais qui doit me valoir une tonne d’or. Il ne faut pas laisser échapper cela. C’est mon maître de musique qui me le procure. Tu devrais avoir aussi des maîtres? qu’en dis-tu?
Je crois que la visite du*****, dont je t’ai parlé, est pour dans trois jours. Je l’attends avec impatience: t’ai-je dit que c’est mon maître à danser qui me procure cet honneur.
J’écrirai à l’ami l’un de ces jours. Il vient de me faire une lettre!… tu la verras. Réponse.
Adieu.
P.-S. – J’apprends que mon frère vient d’écrire à la Parangon. C ’est quelque réminiscence.