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Lettre 137. Gaudet, à Edmond.

[Dieu punit les scélérats les uns par les autres.].

30 juin.

Qui sème l’injure, moissonnera la vengeance. Ta sœur et toi, vous êtes vengés du vieillard italien: connais mon amitié par l’excès du mal que je lui ai fait.

Tandis que tu me croyais à Au**, j’étais en Italie; j’étais à ***: on me renvoyait tes lettres. J’ai dépensé les trois quarts de mon bien, pour réussir; mais j’ai réussi, et je ne regrette rien: le crime était trop odieux, pour ne pas être puni. J’ai su à Paris que le monstre avait dans sa ville une fille unique, charmante, âgée de seize ans. J’ai dirigé toute ma conduite sur cette connaissance. Je suis parti, je suis arrivé; j’ai vu la duègne le même soir, comme si j’eusse été dépêché par son patron; j’ai attaqué sa fidélité: elle m’a d’abord paru incorruptible; j’ai prodigué l’or, l’or ouvrit la tour de Danaé ; la vieille a cédé enfin j’ai eu la preuve encore une fois du mot de Jugurtha «Ô Ville vénale, tu seras à qui pourra te payer.» La jeune personne m’a été livrée. Non content de lui ôter ce qu’on nomme l’honneur, j’ai cherché à porter le vice dans son âme, et j’y ai réussi: lorsqu’elle a été corrompue, je l’ai déterminée à fuir avec moi. Elle a fui, elle est ici; elle va subir le sort d’Ursule, et le mauvais lieu est tout prêt: viens l’humilier, ensuite je la livre à l’horreur de son sort. Mais je mettrai des bornes à ma vengeance. J’avertirai son père, et je lui ferai trouver sa fille au centre du désordre, quand elle aura passé par toutes les épreuves que je lui destine. Je ne suis plus le même. La beauté ne me touche plus: le récit d’Ursule, lorsque mon cœur s’amollit, me remet en fureur, et me rend plus féroce qu’un tigre, qu’un Jagga . Je t’attends, rue… Viens: aie du moins le courage de la vengeance.

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