Lettre 100. Ursule, à la Marquise.
[Comme elle a déjà de l’aisance dans le vice!].
Ier mars.
Madame,
C’est une fille généreuse autant qu’honnête qui vous écrit; une fille qui vous honore, excitée par, la reconnaissance. Je sais indirectement, par certains discours respectueux, échappés à mon frère, que vous faites quelque attention à lui. Soyez assurée, madame, que vos bontés ne pouvaient tomber sur un sujet qui en fût plus digne. Son respect et son dévouement pour votre personne, n’ont pas plus de bornes que vos perfections, et ne peuvent se comparer qu’à l’attachement que j’ai moi-même pour ce frère chéri. C’est d’après cet attachement, le plus tendre qui fût jamais, que vous devez juger la démarche que je fais aujourd’hui. Madame, M. le marquis m’a aimée; et quoiqu’il ne m’aime plus, puisqu’il est votre mari, il a conservé des égards pour moi, auxquels je ne suis pas insensible: mais quelles que soient ma reconnaissance, et ses dispositions, je remettrais son sort entre vos mains, s’il le faisait dépendre de moi, et j’oserais vous demander comment vous voudriez que je le traitasse? comment vous souhaiteriez que j’en agisse avec ses rivaux? Il en avait quelques-uns, qui tous laissent mon cœur libre. Je me voue à vos ordres en tout, lorsqu’il vous plaira de me les intimer: commandez, madame, et si vous m’avez crue la maîtresse de votre mari, soyez mille fois plus assurée que vous êtes la mienne, et que je vous obéirai comme à ma souveraine.
Je suis avec respect, etc.