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Lettre 57. Mme Parangon, à Ursule.

[Elle lui donne de véritablement bons conseils.].

Ier juillet.

Ma très chère amie. J’apprends avec une joie inexprimable, que la terrible crise est passée: c’est à l’amitié la plus tendre et la plus vive à t’en féliciter. Mais, chère amie, c’est de ta conduite actuelle que va dépendre tout le reste de ta vie. Je ne te porterai certainement pas à l’ambition; on peut être heureuse sans être marquise: mais tu as un fils; il t’impose deux devoirs principaux, essentiels tous deux: le premier de lui donner le lait de sa mère; le second, de légitimer sa naissance. Grâces au Ciel, tu n’as rien à te reprocher, et ta singulière position est toute à ton avantage: mais quel présent que la vie, si tu ne donnes pas à ton fils une place parmi les citoyens? Si par ta faute, il descend au-dessous du rang de son père, au-dessous même du tien! Il faut ici de la vertu et quelque adresse, ma chère fille: ne t’en fie pas uniquement à ta beauté; emploie tous les moyens légitimes de captiver non seulement le marquis, mais de gagner encore l’estime de sa famille. Le premier de tous ces moyens, c’est de nourrir ton fils, de ne vivre, de ne respirer que pour lui; de le tenir d’une façon qui le rende aimable, et qui enchante une famille orgueilleuse et puissante. Tu seras mille fois plus intéressante aux yeux du marquis lui-même, ton fils sur ton sein, qu’avec la plus brillante parure. Ce n’est pas que je te conseille de te négliger de ce côté-là; au contraire, il faut que la propreté de ta personne soit plus recherchée que jamais. Je sais que c’est une recommandation inutile avec toi. J’espère te pouvoir rendre une visite demain. Ma chère Ursule, si tu réponds à mes vues, nous allons être plus unies que jamais. Il faut rappeler Fanchette de son couvent: nous n’avons plus de, raisons de la tenir éloigné de nous, et peut-être sera-t-il plus sûr, vu la prudence de cette chère enfant, de lui faire nos confidences; non pas entières pour moi; cela n’est pas nécessaire, mais pour tout ce qui peut lui être dit. Adieu, ma plus chère amie.

P.-S. – C’est au mariage que tu dois tendre. J’insisterais davantage encore; mais je crois que c’est le vœu général, et que personne n’a ici des vues en dessous.

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