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Lettre 141. Anonyme au vieillard italien.

[Ô Dieu! à quel point les méchants se punissent!].

2 août.

Infâme! tu cherches ta fille! elle est à Paris. Je l’ai déshonorée, avilie, fait passer par cent mains différentes; les plus vils des hommes l’ont… humiliée . Reconnais la vengeance! cette passion que tu chéris, que tu as si cruellement exercée sur un chef-d’œuvre de beauté, n’est jamais stérile; chaque jouissance la féconde: la tienne a enfanté cent mille indignités qu’essuie ta fille… Je ne forme qu’un désir, c’est de voir ta rage, ton impuissante fureur. Je tiens à présent ta fille entre mes mains; je l’ai séduite, corrompue; j’ai gagné sa gouvernante, qui me l’a livrée chez toi: je l’ai ensuite enlevée… Je la tiens; un lieu infâme est son palais; elle y est soumise à tous les caprices de la plus vile espèce des hommes… Je te dévoue aux furies par cet écrit. Lis, lis-le, infâme! lis, lis-le! tu me venges de toi, en le lisant. Lis donc, infâme profanateur de la beauté, de la jeunesse, de la volupté, lis, lis, lis! Enfonce toi-même, par tes yeux, le poignard d’Alecto dans ton mauvais cœur… Je te brave; tu ne me découvriras pas. Et quand tu me découvrirais? qu’en serait-il? Que nous péririons ensemble. Tu sais ce que tu as fait à Ursule R**? Eh bien, ta fille, ta chère fille, l’objet de ta tendresse, de tes complaisances, en a souffert autant… autant, jusqu’au nègre… et pis encore. Tu la verras, quand il en sera temps. Tes yeux paternels la verront fanée, flétrie, dégradée, malade… C’est ton sang: il est coupable; mais si ce n’eût pas été ton sang, Filippa était une divinité.

Adieu.

(Cette lettre est de Gaudet.).

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