Lettre 163. Ursule, au Marquis de***.
[Elle accepte, à cause de son fils, le mariage que le marquis de*** lui propose.].
15 septembre.
Monsieur,
Les motifs que vous employez pour me déterminer sont trop puissants, pour que j’entreprenne de les rejeter. Ceux que je pourrais y opposer ne seraient applicables qu’à vous et à moi; et je crois comme vous, que dans un mariage tel que celui que vous me proposez, nous devons être nuls. J’accepte avec soumission. Votre fils, monsieur, m’en fait un devoir; je le sens. Que ne puis-je lui donner une plus digne mère!… Mais le passé n’est plus en mon pouvoir; il est dans les mains de l’Éternel, aux yeux de qui tout est présent. J’aurais bien des choses à vous marquer, monsieur, mais le titre que vous voulez prendre à mon égard me ferme la bouche, et je me conforme, dès ce moment de mon acceptation, aux lois de soumission qu’il va m’imposer. Il ne sied pas à une femme de faire la raisonneuse avec son mari. Je me contenterai d’offrir pour vous au Ciel les vœux les plus ardents, sans jamais vous fatiguer de mes remontrances, que lorsque vous me l’ordonnerez.
Je suis avec respect, monsieur,
Votre très humble et très obéissante servante.
URSULE R**.
À la Comtesse de***.
Permettez, madame, que je me jette à vos pieds pour vous témoigner mon respect. J’admire votre vertu, la bonté de votre cœur, puisque votre petit-fils vous est cher, malgré ce qu’est son infortunée mère.