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Lettre 31. Gaudet, à Ursule.

[Il lui donne avis du danger qu’il cause.].

Même jour.

Pardonnez, mademoiselle, la liberté que je prends de vous écrire: mais il le faut. Je ne sais ce qui m’est revenu ces jours-ci, d’une entreprise que méditait un de vos adorateurs (car vous en avez, quoique vous les ignoriez); mais je me crois obligé, par l’amitié qui règne entre votre frère et moi, de vous donner avis de tout, même des bruits que je crois peu vraisemblables. Le mal, c’est que je n’ai encore pu découvrir lequel de vos amants forme un dessein très hardi: si je le savais, je serais son ombre, tant que le péril durerait. Cependant ne prenez pas d’inquiétude: dans cette capitale, les coups fourrés sont aussi difficiles que dangereux pour leur auteur; il ne s’agit donc que d’un peu d’attention sur vos démarches, lorsque vous sortirez seule… Au reste, je voudrais de tout mon cœur que quelque imprudent fît cette équipée! je n’y verrais que l’acheminement à la fortune du frère de la sœur… Ma découverte est l’effet du hasard, ou, si vous voulez, de l’habitude que j’ai prise de ne jamais passer un jour sans tâcher de vous voir à votre fenêtre, afin de pouvoir toujours être en état d’écrire à mon ami: ta sœur se porte bien.

Votre cousine Laure veut aussi vous écrire. Je suis très respectueusement, mademoiselle,

Votre, etc.

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