Из книги «В раздвинутой дали» (Белград, 1929) Обетование/La terre promise Сомкни усталые ресницы, На то, что было, не смотри. Закрыв глаза, читай страницы, Что светят ярко там внутри. Из бездны ада мы бежали, И Море бьет о чуждый брег. Но заключили мы скрижали В недосягаемый ковчег. Храни нетронутость святыни, Которой перемены нет. И знай — от века и доныне Нам светит негасимый свет. Когда ж ягненок с волком рядом Пойдут одну зарю встречать. Вдруг разомкнётся нам над кладом Теперь сомкнутая печать. Ne regarde plus le passé, Clos tes yeux las, ô doux visage, Tu liras ainsi le message Sur ces ardents feuillets tracé. Fuyant un infernal abîme, Portés au rivage étranger, Notre table des lois nous mîmes Dans une arche, hors du danger… Et, la gardant toujours entière, Inaltérable désormais, Nous resterons dans sa lumière Dès à présent et pour jamais. Quand iront vers l'aube nouvelle Le loup avec l'angneau, alors Nous briserons le sceau qui cèle Jalousement notre trésor. Traduit par Katia Granoff Приложение/Appendice [29] Камыши/Les roseaux À l'heure de minuit, en la touffeur des marais, À peine perceptibles, sans bruit frôlent-lent les roseaux. De quoi chuchottent-ils? De quoi parlent-ils? Pourquoi, parmi eux, de petits feux s'allument-ils? Ils étincellent, clignotent, — et ne sont plus… Et de nouveau scintille la lueur errante. À l'heure de minuit frôlent-lent les roseaux: Les crapeaux y nichent, les serpents y sifflent. Une Face moribonde frissonne dans le marais: Et c'est la Lune meurtrie, qui, tristement, s'affaissa. L'odeur de vase s'exhale, l'humidité rampe… La vase mouvante attirera, pressera, enlisera. — «Qui? Pourquoi?» — disent les roseaux. Pourquoi, parmi nous, s'allument les feux petits? Mais la Lune triste s'affaissa dans son silence. Elle ne sait pas. Elle descend, plus bas encore, sa face. Et répétant le soupir de l'être qui périt, — Avec angoisse, sans bruit, frôlent-lent les roseaux. Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil
Камыши/Les roseaux Lorsqu'arrive minuit dans les marais déserts Les roseaux doucement soupirent dans les airs. Que disent les roseaux, pourquoi donc ces murmures? Pourquoi des feux follets brûlent dans leur verdure? Ces errantes clartés sur le miroir des eaux Se rallument ou bien s'éteignent de nouveau. Les roseaux de minuit s'inclinent et bruissent, Ils cachent des crapauds, de longs serpents y glissent. Le visage penché d'un livide croissant Se mire dans les eaux, tremblant, évanescent. Oh! l'odeur de la vase, étrangement sauvage, Il aspire, il étreint, l'attirant marécage… «Qui donc est-ce… Pourquoi? Demandent les roseaux, Pourquoi brûlent ainsi des flammes sur nos eaux?» Mais le croissant se tait tristement qui l'ignore, Et penche son profil plus bas, plus bas encore… Les roseaux chuchotant dans la nuit de saphir, D'une âme disparue évoquent les soupirs. Traduit par Katia Granoff Тишина/Le calme Les ambres d'un jaune clair tendre Luisent à peine au couchant. On sent un doux calme descendre; Les saules dorment se penchant. La silencieuse rivière Reflète les nuages blancs Et des cieux la douce lumière. Le sombre bois est sommeillant. Dans ce doux règne du silence Volent des rêves languissants; Et la nuit lentement avance, Les ombres fuient en pâlissant. Les étoiles brillantes jettent Dans l'onde leur douce lueur, Les yeux des anges s'y reflètent, Et du croissant l'éclat rêveur. Traduit par Olga Lanceray Тишина/Le calme A peine pâlissent du crepuscule tendre Les jaunes perles d'ambre. Partout, un calme caressant, — Les nénuphars dorment, et dorment les roseaux. La rivière assoupie Reflète les nuages, La tranquille, la pâle couleur des cieux, — La tranquille, la sombre, la dormeuse forêt. Dans ce royaume de calme Flottent de doux songes, La nuit respire, remplaçant le jour, — Et tarde l'ombre, qui s'allège et s'atténue. En ces eaux d'en-haut Se voit le pâle croissant de lune. Les étoiles versent la paisible lumière, — Les yeux des anges regardent. вернуться Включены варианты французских переводов из Бальмонта. |