Il y avait au château joyeux bal, Des musiques chantaient; Un fêle vent balaçait dans le parc Les frêles balancelles. Parmi le salle en un tendre délire Chantait un violon; Tandis qu'au parc se jouait dans l'étang Un petit poisson d'or. Des papillons voltigeaient sous la lune, Aux ailes ajourées. Ils tournoyaient enivrés de printemps, Les papillons nocturnes. L'étang berçait dans son cœur une étoile. Et, sous les roseaux morts, Il y avait, tout heureux de s'ébattre, Un petit poisson d'or. Et bien qu'il fut invisible du bal, Pour les musiciens, C'était de lui — du petit poisson d'or, Qu'émanait la musique. Car, aussitôt que se fait un silence, Le petit poisson d'or En frétillant ramène le sourire Aux lèvres des danseurs. Et de nouveau le violon reprend, La chanson retentit; L'amour aux cœurs voluptueux murmure, Et le printemps sourit. Et les regards enfiévrés par l'attente Se font plus lumineux De ce qu'est lа, caché parmi l'étang, Un petit poisson d'or. Traduit par Jean Chuzeville
Тише, тише/Doucement… Тише, тише совлекайте с древних идолов одежды, Слишком долго вы молились, не забудьте прошлый свет. У развенчанных великих как и прежде горды вежды, И слагатель вещих песен был поэт и есть поэт. Победитель благородный с побежденным будет ровен, С ним заносчив только низкий, с ним жесток один дикарь. Будь в раскате бранных кликов ясновзорен, хладнокровен, И тогда тебе скажу я, что в тебе мудрец — и царь. Дети Солнца, не забудьте голос меркнувшего брата, Я люблю в вас ваше утро, вашу смелость и мечты, Но и к вам придет мгновенье охлажденья и заката, — В первый миг и в миг последний будьте, будьте, как цветы. Расцветайте, отцветайте, многоцветно, полновластно, Раскрывайте все богатство ваших скрытых юных сил, Но в расцвете не забудьте, что и смерть, как жизнь, прекрасна, И что царственно величье холодеющих могил. Doucement, très doucement, dépouillez de leurs vêtements les idoles d'hier. Trop longtemps vous les avez priées, n'oubliez pas la lumière passée. Chez les Grands dénimbés les paupières sont altières comme naguères, Et le créateur des chants prophétiques fut poète, et reste poète! Le vrai vainqueur sera d'une âme égale en présence du vaincu, Seul, lui sera arrogant, le lâche, et seul cruel, le sauvage. Dans le roulement des cris de combat sois de clair regard, sois serein: Alors, je te dirai que tu es un sage, et que tu es un roi! Enfants du Soleil, n'oubliez pas la voix du frère qui s'éteint. J'aime votre matin, votre vaillance et vos rêves, Mais, vous aurez aussi votre instant de descente et de crépuscule: Dans l'instant premier, comme en l'instant dernier, soyez, soyez comme les fleurs! Fleurissez, défleurissez, — en multiples couleurs, en pleine volonté, Ouvrez toute richesse de vos jeunes forces cachées… Mais, dans l'épanouissement, n'oubliez pas que la mort est belle, comme la vie, Et que royale est la grandeur des tombes qui refroidissent. Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil Из книги «Литургия красоты» (М., «Гриф», 1905) Фата моргана/Extrait de la «Fata morgana» 5. Желтый/Le jaune Спрошу ли ум, в чем желтый цвет, Душа сейчас поет ответ, Я вижу круг, сиянье, сферу, Не золото, не блеск его, Не эту тяжкую химеру, Что ныне стала — вещество Для униженья моего, О, нет, иное торжество: — Подсолнечник, цветок из Перу, Где знали, как лазурь очей Нежна от солнечных лучей. Si je demande à la raison: qu'est-elle, la couleur jaune? Le cœur aussitôt, chante la réponse: Je vois un cercle, un nimbe, une sphère, — Pas l'or, pas son éclat! Non pas cette pénible chimère Qui devint matière De mon humiliation. Non! une autre gloire: Le Tournesol, fleur du Pérou Où l'on savait combien l'azur des yeux Est tendre, sous les rayons du soleil. Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil 15. Нежно-лиловый/Mauve-pâle Колокольчик на опушке леса, С звонами, что внятны слуху фей, Бархатисто-пышная завеса Возле лиловатых орхидей. В лепете романса — цвет сирени, Сад мечты, и в нем упавший лист, В красочном контрасте — свет и тени, На руке лилейной — аметист. Une campanule à la lisière du bois, À sonneries perceptibles pour les fées, — La splendeur veloutée d'un rideau Auprès de mauves orchidées. En le dire d'une romance la couleur des lilas, — Jardin de rêve! et, là, une feuille tombée, — Dans le contraste des couleurs, ombre et lumière, — Sur une tendre main, une améthyste… |