Sœurs, Sœurs, vous, ô les Fièvres, De sous terre tourmenteuses émanations en chœur! Nous jouions à cache-cache par l'Enfer! C'est assez! En haut! Tête en avant! Il œuvrera avec ardeur, le chœur des Sœurs! Nous allons refroidir, — algides, nous refroidirons, Et réchaufferons, et malaxerons! Nous sommes vites, nous ne tarderons… Sœurs! ô Sœurs! En haut! chez les hommes! Et nous y sommes: commençons! Nous agrippant, fortement, ô les Fièvres, Vite au jeu, à cache-cache, à nouveau: L'être humain est notre passe-temps. Ô les Sœurs, les Sœurs, а nos places! Toutes les treize, sus au hâbleur! Où est-il? Vit-il? — Nous commençons… Toi, Frissonie, laisse-le Frissonner, s'il lui arrive d'être en prison. Toi, Flammore, prolonge sa douleur, Par le feu, brûle de la Terre la poussière qu'il est. Toi, Glacine, de telle sorte, en la froidure Pousse-le, qu'il appelle son cercueil! Toi, Oppressante, souffle sur le sein, Couve-le d'un lourd de pierre, et toute, époumone-le tout! Toi, Poitraille, sur la poitrine, Un peu, et encore un peu plus, demeure! Toi, Sourdaude, crache sur lui, Pour qu'il n'entende rien, plus rien! Toi, Courbatue, courbe-lui les os, Et qu'ils rendent un craquement. Toi, Gonflène, connais ton terme: Que de toute sa bouffissure, il enfle! Toi, Jaunisse, à ton tour! Laisse-le, laisse-le prendre couleur. Toi, Torsionne, marche à sa suite, Et les menottes, les petons, tortille-les donc! Toi, Visionnée, surgis en diable, Pour que des yeux disparaisse le sommeil. Toi, Siccate, — il est bas — Fais maintenant qu'il se dessèche. Toi, Putridie, ô Sœur des Sœurs! Toi, danse-lui: «Il est temps!» L'homme n'a pas de jugement… Oh! tenaces, et fortes, sont les Fièvres, Nous autres Sœurs qui sommes treize!… Ô Sœurs! En bas! Notre heure est passée! Traduit par Alexandra de Holstein et René Ghil
Камень-Алатырь/Pierre-Alatyr На море-Океане, На острове Буяне, Меж камней — богатырь Есть Камень-Алатырь. Он бел-горюч и ярок, Неостудимо жарок. Красив его изгиб, Кипит тот Камень-кип. Горит тот Камень-чудо, Что лучше изумруда. Он каждый миг — живой, Тот Камень солнцевой. Под Камнем тем сокрыта Мечта, что не изжита. Спеши к нему скорей. Коснись до тайн морей. Все шире Море, шире. На Камне-Алатыре Сидит, в лучах горя, Громовница-Заря. Сидит Девица Красна, Смеется безучастно. Смешинки Девы той — Рассветы над водой. А раз придет охота, Совсем тот смех без счета, Смеяться так начнет, Что молния сверкнет. Все звонче смех певучий, Пожаром рдеют тучи. Огниста Красота, Светла ее фата. На море-Океане, На острове Буяне, Я Деву ту любил, У ней в гостях я был. Я был на этом Камне И заговор дала мне Она в огне живом, На Камне солнцевом. О, заговор тот властный Он дан мне Девой страстной. Все покорю я с ней. Гори, Огонь, сильней! Лишь Камень кто изгложет, Тот заговор мой сможет Лишить его лучей. Гори, Огонь, скорей! Но Камень кто ж изгложет, Кто пламень превозможет? Привет сиянью дней. Гори, Огонь, сильней! Sur la mer-Océane, Sur une île Bouyane, Géante parmi les pierres Est la pierre-Alatyr! Blanche, elle brûle et irradie, Ardente, et qui ne peut froidir. Sa courbe est belle, — Elle bout, cette Pierre-Bouillant! Elle brûle, cette Pierre-miracle Meilleure que l'émeraude. A tous instants vivante est-elle, Cette pierre de soleil! Sous cette pierre se cèle Le rêve inassouvi. Hâte-toi vers elle, hâte-toi, Touche aux mystères des mers! La mer devient large, et large… Sur la pierre-Alatyr Est assise, qui arde dans les rayons, La force de foudre — qui est l'Aurore. Elle est assise, la Donzelle-Belle, Et elle rit impassiblement. Les risettes de la Vierge Sont des aubes au-dessus de l'Eau. Mais que l'envie l'en prenne, Le rire sera d'une vie innombrable: Elle se mettra à rire — ainsi Qu'un éclair tout à coup s'éploie! Sonore de plus en plus, vient le rire chantant. Les nuages rougissent en incendies. Flammable est la Beauté Et transparent son voile… Sur la mer-Océane, Sur une île-Bouyane J'aimais là cette Vierge, — J'y étais tel que son hôte. J'étais sur cette Pierre, — Et un charme me donne-t-elle, Elle, dans le feu vivant, Sur la Pierre de Soleil. Oh! le charme est puissant Que me donna la Vierge passionnée! Je vais par Elle tout asservir, — Et, brûle, Feu, plus ardemment! Celui-là qui rongera la Pierre, Lui, de mon charme pourra Eteindre les rayons… Brûle, ô Feu, brûle vite! Mais, qui rongera la Pierre? Mais, qui surmontera la flamme? Salut! éclat des Jours, Et brûle, ô Feu, plus ardemment! |