– Vive le roi! crièrent les guisards avec plus de politesse que d’enthousiasme.
– Monsieur le duc, reprit Henri III, veuillez m’accompagner au château avec quelques-uns de ces messieurs. Quant à vous, monsieur le cardinal, et vous monsieur de Mayenne, vous rejoindrez votre bien-aimé frère à l’heure du dîner, je vous veux tous à ma table, ce soir, et morbleu, nous célébrerons ce beau jour comme la plus belle victoire de notre règne!…
– Vive le roi! répétèrent les guisards, tandis qu’Henri III s’éloignait escorté par Guise et une vingtaine de ligueurs.
Lorsqu’ils furent partis, le cardinal de Guise, d’un geste, retint dans la cathédrale quelques gentilshommes qui, sur un mot de lui, se glissèrent rapidement parmi les ligueurs dont le flot s’écoulait, morne et désespéré comme d’une trahison. De ces allées et venues, il résulta qu’environ deux cents des principaux guisards demeurèrent dans la cathédrale dont toutes les portes furent soigneusement fermées. Lorsqu’on se fut assuré qu’il ne restait plus dans l’église personne qui ne fût affilié, le cardinal prononça ces mots:
– Messieurs, vous avez entendu le duc mon frère.
Des cris, des grondements furieux l’interrompirent aussitôt.
– C’est une infâme trahison!
– Il ne devait jurer qu’en son nom!
– Il sera condamné comme Valois!…
Le cardinal souriait en homme sûr de son effet, heureux de cette explosion de fureur. Quand la tempête se fut calmée, il reprit:
– Je vois, messieurs, que vous avez mal entendu le duc mon frère. Il a juré amitié parfaite et réconciliation, oui, mais à qui?…
– Au roi!… Au roi!… vociférèrent les ligueurs.
– En effet, messieurs, au roi!… mais non au roi Henri III!… Mais non à Valois!… Puisque nous avons condamné Valois, Henri III n’est plus roi!… C’est donc seulement au roi de la Ligue, au roi que vous choisirez, messieurs, que le duc de Guise a juré parfaite amitié sur l’Évangile et le Saint-Sacrement. Et à mon tour je vous jure que ce serment-là, mais celui-là seulement, il est résolu à le tenir!…