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– C’est vous qui êtes fou, dit Maurevert froidement. Car si demain, il arrive un malheur dans le château, je dirai que vous m’avez empêché de prévenir Sa Majesté, et vous serez arrêté comme complice. Bonsoir!

– Holà, un instant, monsieur. J’y vais. Mais je vous préviens que si la reine ne vous reçoit pas, et qu’elle soit mécontente d’être éveillée à deux heures du matin, je vous coupe les oreilles. Entrez au corps de garde.

Maurevert haussa les épaules et dit:

– J’attendrai dans la cour carrée. Il y a trop de lumière dans votre corps de garde. Maintenant, un dernier mot, capitaine: si je m’aperçois que vous m’avez reconnu, je serai forcé de vous tuer sur-le-champ.

Le capitaine fronça les sourcils, le sang lui monta au visage et il fut sur le point de sauter à la gorge de l’inconnu. Mais il réfléchit que s’il le tuait, ce malheur dont il avait parlé ne pourrait être évité, sans doute. Il le fit donc entrer dans la cour carrée, le mit sous la surveillance de quatre gardes, et s’éloigna rapidement. Un quart d’heure plus tard, il était de retour.

– Venez, monsieur, dit-il d’un ton d’étonnement, venez et excusez-moi. La reine vous attend…

Lorsque Maurevert fut en présence de Catherine de Médicis dans l’oratoire du rez-de-chaussée, il lui tendit la lettre en disant:

– Du prieur des jacobins à Mme la duchesse de Montpensier…

La reine dévora la terrible lettre d’un regard. Mais elle garda pour elle ses impressions.

– Il faut vous assurer de l’homme qui a apporté cette missive, dit-elle simplement.

– C’est fait, madame.

– Où est-il?…

– Dans les fossés du château, où il boit de l’eau par sa gorge ouverte pour avoir bu trop de vin chez moi.

La reine tressaillit, et jeta un regard pensif sur Maurevert.

«Celui-là a été à mon école!» songea-t-elle.

Dix minutes plus tard, Catherine de Médicis entrait dans la chambre du roi, le réveillant, et lui mettant sous les yeux la lettre de Bourgoing, lui disait:

– Sire, je vous avais demandé trois jours pour vous apporter la preuve. Trois heures m’ont suffi. Maintenant, il n’y a plus une minute à perdre!…

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