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– Je l’ignore, madame.

– Comment! Cet homme est votre ami, et vous ne savez pas son nom!

– Il ne m’a pas fait l’honneur de me le dire. Au surplus, il est moins étonnant d’ignorer le nom d’un ami que celui d’un ennemi aussi implacable.

Catherine baissa la tête, pensive.

«Voilà un homme! songea-t-elle. Il n’en est que plus dangereux. Et puisqu’il ne veut pas me servir…»

– Monsieur, ajouta-t-elle tout haut, je vous demandais ce nom pour voir si nous étions bien d’accord sur la personne. Mais je vois qu’aucune qualité ne vous manque. Par le temps qui court, la discrétion est plus même qu’une qualité: c’est une vertu. Ne parlons donc plus de cet homme. Je comprends et respecte le sentiment qui vous guide…

– Ah! madame, vous m’en voyez tout heureux! Je craignais tant d’avoir déplu à Votre Majesté!…

– Et pourquoi donc? Fidèle à l’amitié, cela signifie: fort contre l’ennemi commun. Allez, monsieur, et rappelez-vous que je me charge de votre fortune. Demain matin, je vous attends au Louvre.

Catherine de Médicis se leva.

Pardaillan s’inclina devant la reine qui lui accorda son plus gracieux sourire.

Quelques instants plus tard, il était dehors, retrouvait à la porte son fidèle Pipeau, et reprenait le chemin de la Devinière en cherchant à déchiffrer l’énigme vivante qu’était la reine Catherine…

– Elle a dit: Demain matin, au Louvre, conclut-il. Bon. On y sera. Le Louvre, c’est la grande antichambre de la fortune! Décidément, je crois que M. Pardaillan, mon père, se trompait!…

Une heure après cette scène, Catherine de Médicis rentrait au Louvre, faisait appeler son capitaine et lui disait:

– Monsieur de Nancey, demain matin, à la première heure, vous prendrez douze hommes et un carrosse, vous vous rendrez à l’hôtellerie de la Devinière , rue Saint-Denis; vous arrêterez un conspirateur qui se fait appeler le chevalier de Pardaillan, et vous le conduirez à la Bastille…

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