Si Charles avait pu avoir le moindre soupçon, si les détails accumulés dans son récit n’avaient pas suffi pour détruire ce soupçon par leur parfaite concordance avec ce qu’il savait de la vérité, si l’attitude, la voix, les paroles de la messagère ne lui avaient pas inspiré une confiance absolue et une profonde sympathie, ce nom d’Aubigné, à lui seul valait tout un plaidoyer, et Fausta en le lançant au dernier moment, comme si elle eût été entraînée par l’émotion, achevait son œuvre par une géniale inspiration.
Le duc d’Angoulême accompagna la messagère jusqu’à la porte extérieure. Quelques instants plus tard, la Fausta, au pas paisible de son cheval, et suivie à distance par son laquais, disparaissait au tournant de la rue et murmurait avec un sourire qui découvrit ses petites dents féroces:
– Maintenant, il ne me reste plus qu’à marier Violetta…
Charles, ayant constaté que la rue était parfaitement tranquille, rentra dans l’hôtel et, le cœur bondissant, courut retrouver Violetta, et lui prenant la main:
– Chère âme, ce soir, nous serons unis à jamais; ce soir, vous serez duchesse d’Angoulême…