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La langue étrangère

L'officier nous apporte un dictionnaire dans lequel on peut apprendre sa langue. Nous apprenons les mots; l'ordonnance corrige notre prononciation. Quelques semaines plus tard, nous parlons couramment cette langue nouvelle. Nous ne cessons de faire des progrès. L'ordonnance n'est plus obligé de traduire. L'officier est très content de nous. Il nous offre un harmonica. Il nous donne aussi une clé de sa chambre pour que nous puissions y entrer quand nous voulons (nous y allions déjà avec notre clé, mais en cachette). Maintenant, nous n'avons plus besoin de nous cacher et nous pouvons y faire tout ce qui nous plaît: manger des biscuits et du chocolat, fumer des cigarettes.

Nous allons souvent dans cette chambre, car tout y est propre, et nous y sommes plus tranquilles qu'à la cuisine. C'est là que nous faisons nos devoirs, le plus souvent.

L'officier possède un gramophone et des disques.

Couchés sur le lit, nous écoutons de la musique. Une fois, pour faire plaisir à l'officier, nous mettons l'hymne national de son pays. Mais il se fâche et brise le disque d'un coup de poing.

Parfois nous nous endormons sur le lit qui est très large. Un matin, l'ordonnance nous trouve là; il n'est pas content:

– C'est imprudence! Vous plus faire bêtise comme ça. Quoi arriver une fois, si l'officier rentrer le soir?

– Que pourrait-il arriver? Il y a assez de place pour lui aussi.

L'ordonnance dit:

– Vous, très bêtes. Une fois, vous payer la bêtise. Si l'officier vous faire mal, moi je tuer lui.

– Il ne nous fera pas de mal. Ne vous, en faites pas pour nous.

Une nuit, l'officier rentre et nous trouve endormis sur son lit. La lumière de la lampe à pétrole nous réveille. Nous demandons:

– Vous voulez que nous allions à la cuisine?

L'officier nous caresse la tête et dit:

– Restez. Restez seulement.

Il se déshabille et se couche entre nous deux. Il nous entoure de ses bràs, il nous chuchote dans l'oreille:

– Dormez. Je vous aime. Dormez tranquillement.

Nous nous rendormons. Plus tard, vers le matin, nous voulons nous lever, mais l'officier nous retient:

– Ne bougez pas. Dormez encore.

– Nous avons besoin d'uriner. Nous devons sortir.

– Ne sortez pas. Faites-le ici.

Nous demandons:

– Où?

Il dit:

– Sur moi. Oui. N'ayez pas peur. Pissez! Sur mon visage.

Nous le faisons, puis nous sortons dans le jardin, car le lit est tout mouillé. Le soleil se lève déjà; nous commençons nos travaux du matin.

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