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Accusations

Un après-midi, l'ordonnance entre dans la cuisine.

Nous ne l'avons pas vu depuis longtemps, Il dit:

– Vous venir aider décharger Jeep?

Nous mettons nos bottes, nous le suivons jusqu'à la Jeep arrêtée sur la route devant la porte du jardin. L'ordonnance nous passe des caisses et des cartons que nous portons dans la chambre de l'officier.

Nous demandons:

– M. l'officier viendra ce soir? Nous ne l'avons encore jamais vu.

L'ordonnance dit:

– Officier pas venir hiver ici. Peut-être pas venir jamais. Lui avoir chagrin d'amour. Peut-être trouver quelqu'un d'autre plus tard. Oublier. C'est pas pour vous histoires comme ça. Vous apporter bois pour chauffer chambre.

Nous apportons du bois, nous faisons du feu dans le petit poêle en métal. L'ordonnance ouvre les caisses et les cartons et pose sur la table des bouteilles de vin, d'eau-de-vie, de bière, ainsi qu'un tas de choses à manger: des saucissons, des conserves de viande et de légumes, du riz, des biscuits, du chocolat, du sucre, du café.

L'ordonnance ouvre une bouteille, commence à boire et dit:

– Moi, chauffer conserves dans gamelle sur réchaud à l'alcool. Ce soir, manger, boire, chanter avec copains. Fêter victoire contre l'ennemi. Nous bientôt gagner guerre avec nouvelle arme miracle.

Nous demandons:

– Alors la guerre sera bientôt finie?

Il dit:

– Oui. Très vite. Pourquoi vous regarder comme ça nourriture sur la table? Si vous avoir faim, manger chocolat, biscuits, saucisse.

Nous disons:

– Il y a bien des gens qui meurent de faim.

– Et alors? Pas penser à ça. Beaucoup de gens mourir de faim ou d'autre chose. Nous pas penser. Nous manger, et pas mourir.

Il rigole. Nous disons:

– Nous connaissons une femme aveugle et sourde qui habite près d'ici avec sa fille. Elles ne survivront pas cet hiver.

– C'est pas faute à moi.

– Si, c'est votre faute. A vous et à votre pays. Vous nous avez apporte la guerre.

– Avant la guerre, elles faire comment pour manger, l'aveugle et fille?

– Avant la guerre, elles vivaient de charité. Les gens leur donnaient de vieux habits, de vieux souliers. Ils leur apportaient à manger. Maintenant, personne ne donne plus rien. Les gens sont tous pauvres ou ils ont peur de le devenir. La guerre les a rendus avares et égoïstes.

L'ordonnance crie:

– Moi me foutre de tout ça! Assez! Vous taire!

– Oui, vous vous en foutez et vous mangez notre nourriture!

– Pas votre nourriture. Moi prendre ça dans réserve de caserne.

– Tout ce qui se trouve sur cette table provient de notre pays: les boissons, les conserves, les biscuits, le sucre. C'est notre pays qui nourrit votre armée.

L'ordonnance devient rouge. Il s'assied sur le lit, se prend la tête dans les mains:

– Vous croyez moi vouloir guerre et venir dans votre saloperie de pays? Moi beaucoup mieux chez moi, tranquille, fabriquer chaises et tables. Boire vin de pays, amuser avec filles gentilles de chez nous. Ici, tous méchants, aussi vous, petits enfants. Vous dire tout ma faute. Moi, quoi pouvoir faire? Si je dire moi pas aller dans guerre, pas venir dans votre pays, moi fusillé. Vous prendre tout, allez, prendre tout sur la table. La fête finie, moi triste, vous trop méchants, avec moi.

Nous disons:

– Nous ne voulons pas tout prendre, juste quelques conserves et un peu de chocolat. Mais vous pourriez apporter de temps en temps, au moins pendant l'hiver, du lait en poudre, de la farine, ou n'importe quoi d'autre à manger.

Il dit:

– Bon. Ça, je peux. Vous venir avec moi demain chez l'aveugle. Mais vous gentils avec moi, après. Oui?

Nous disons.

– Oui.

L'ordonnance rigole. Ses amis arrivent. Nous partons. Nous les entendons chanter toute la nuit.

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