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La servante de la cure

Un matin, vers la fin de l'hiver, nous sommes assis à la cuisine avec Grand-Mère. On frappe à la porte; une jeune femme entre. Elle dit:

– Bonjour. Je suis venue chercher des pommes de terre pour…

Elle arrête de parler, elle nous regarde:

– Ils sont adorables!

Elle prend un tabouret, elle s'assied:

– Viens ici, toi.

Nous ne bougeons pas.

– Ou bien toi.

Nous ne bougeons pas. Elle rit:

– Mais venez, venez plus près. Je vous fais peur? Nous disons:

– Personne ne nous fait peur.

Nous allons vers elle; elle dit:

– Ciel! que vous êtes beaux! Mais comme vous êtes sales!

Grand-Mère demande:

– Qu'est-ce que vous voulez?

– Des pommes de terre pour M. le curé. Pourquoi êtes-vous si sales? Vous ne les lavez jamais?

Grand-Mère dit, fâchée:

– Ça ne vous regarde pas. Pourquoi ce n'est pas la vieille qui est venue?

La jeune femme rit de nouveau:

– La vieille? Elle était plus jeune que vous. Seulement, elle est morte hier. C'était ma tante. C'est moi qui la remplace à la cure.

Grand-Mère dit:

– Elle avait cinq ans de plus que moi. Comme ça, elle est morte… Combien vous en voulez, de pommes de terre?

– Dix kilos, ou plus, si vous en avez. Et aussi des pommes. Et aussi… Qu'est-ce que vous avez encore? Le curé est maigre commeun clou et il n'y a rien dans son garde-manger.

Grand-Mère dit:

– C'est à l'automne qu'il aurait fallu y penser.

– Cet automne, je n'étais pas encore chez lui. Je n'y suis que depuis hier soir.

Grand-Mère dit:

– Je vous préviens, à cette époque de l'année, tout ce qui se mange est cher.

La jeune femme rit encore:

– Faites votre prix. On n'a pas le choix. Il n'y a presque plus rien dans les magasins.

– Il n'y aura bientôt plus rien, nulle part.

Grand-Mère ricane et sort. Nous restons seuls avec la servante du curé. Elle nous demande:

– Pourquoi vous ne vous lavez jamais?

– Il n'y a pas de salle de bains, il n'y a pas de savon. Il n'y a aucune possibilité pour se laver.

– Et vos habits! Quelle horreur! Vous n'avez pas d'autres vêtements?.

– Nous en avons dans les valises, sous le banc. Mais ils sont sales et déchirés. Grand-Mère ne les lave jamais.

– Parce que la Sorcière est votre grand-mère? Il y a vraiment des miracles!

Grand-Mère revient avec deux sacs:

– Ce sera dix pièces d'argent ou une pièce d'or. Je n'accepte pas de billets. Ça n'aura bientôt plus de valeur, c'est du papier.

La servante demande:

– Qu'est-ce qu'il y a dans les sacs?

Grand-Mère répond:

– De la nourriture. C'est à prendre ou à laisser.

– Je prends. Je vous apporterai l'argent demain. Les petits peuvent m'aider à porter les sacs?

– Ils peuvent s'ils le veulent. Ils ne veulent pas toujours. Et ils n'obéissent à personne.

La servante nous demande.

– Vous voulez bien, n'est-ce pas? Vous porterez chacun un sac, et moi je porterai vos valises.

Grand-Mère demande:

– Qu'est-ce que c'est que cette histoire de valises?

– Je vais laver leurs habits sales. Je les rapporterai demain avec l'argent.

Grand-Mère ricane:

– Laver leurs habits? Mais si ça vous amuse…

Nous partons avec la servante. Nous marchons derrière elle jusqu'à la cure. Nous voyons ses deux tresses blondes danser sur son châle noir, ses tresses épaisses et longues. Elles lui arrivent à la taille. Ses hanches dansent sous la jupe rouge. On peut voir un bout de ses jambes entre la jupe et les bottes. Les bas sont noirs et, sur celui de droite, une maille a filé.

Le bain

Nous arrivons à la cure avec la servante. Elle nous fait entrer par la porte de derrière. Nous déposons les sacs dans le garde-manger et nous allons à la buanderie. Là, des ficelles sont partout tendues pour le linge. Il y a des récipients de toutes sortes, dont une baignoire en zinc de forme bizarre, comme un fauteuil profond.

La servante ouvre nos valises, met nos vêtements à tremper dans de l'eau froide, puis fait du feu pour chauffer l'eau de deux grands chaudrons. Elle dit:

– Je vais laver tout de suite ce dont vous avez immédiatement besoin. Pendant que vous vous baignerez, ça séchera. Je vous rapporterai les autres habits demain ou après-demain. Il faut aussi les raccommoder.

Elle verse de l'eau bouillante dans la baignoire; elle y ajoute de l'eau froide:

– Alors, qui commence?

Nous ne bougeons pas. Elle dit:

– C'est toi, ou c'est toi? Allez, déshabillez-vous! Nous demandons:

– Vous voulez rester ici pendant que nous nous baignons?

Elle rit très fort:

– Et comment, je vais rester ici! Je vais même vous frotter le dos et vous laver les cheveux. Vous n'allez pas vous gêner devant moi, voyons! Je pourrais presque être votre mère.

Nous ne bougeons toujours pas. Alors, elle commence à se déshabiller:

– Tant pis. C'est moi qui commencerai. Vous voyez, je ne me gêne pas devant vous. Vous n'êtes que de tout petits garçons.

Elle chantonne, mais son visage devient rouge quand elle se rend compte que nous la regardons. Elle a des seins tendus et pointus comme des ballons qu'on n'a pas fini de gonfler. Sa peau est très blanche et elle a beaucoup de poils blonds partout. Pas seulement entre les jambes et sous les bras, mais aussi sur le ventre et sur les cuisses. Elle continue à chanter dans l'eau en se frottant avec un gant de toilette. Quand elle sort du bain, elle enfile vite un peignoir. Elle change l'eau de la baignoire et commence à faire la lessive en nous tournant le dos. Alors, nous nous déshabillons et nous entrons dans le bain ensemble. Il y a largement assez de place pour nous deux.

Au bout d'un certain temps, la servante nous tend deux grands linges blancs:

– J’espère que vous vous êtes bien frottés partout.

Nous sommes assis sur un banc, emballés dans nos linges, attendant que nos habits sèchent. La buanderie est pleine de vapeur et il y fait très chaud. La servante s'approche avec des ciseaux:

– Je vais vous couper les ongles. Et cessez de faire des manières; je ne vous mangerai pas.

Elle nous coupe les ongles des mains et des pieds. Elle nous coupe aussi les cheveux. Elle nous embrasse sur le visage et dans le cou; et elle n'arrête pas de parler:

– Oh! ces jolis petits pieqs, tout mignons, tout propres! Oh! ces oreilles adorables, ce cou si doux, si doux! Oh! comme j'aimerais avoir deux petits garçons si beaux, si jolis, rien qu'à moi! Je leur ferais des chatouillis partout, partout, partout.

Elle nous caresse et nous embrasse sur tout le corps. Elle nous chatouille avec sa langue dans le cou, sous les bras, entre les fesses. Elle s'agenouille devant le banc et elle suce nos sexes qui grandissent et durcissent dans sa bouche.

Elle est maintenant assise entre nous deux; elle nous serre contre elle:

– Si j'avais deux petits bébés si beaux, je leur donnerais à boire du bon lait bien sucré, ici, là, là, comme ça.

Elle tire nos têtes vers ses seins qui sont sortis du peignoir et nous en suçons les bouts roses devenus très durs. La servante met les mains sous son peignoir et se frotte entre les jambes:

– Comme c'est dommage que vous ne soyez pas plus grands! Oh! comme c'est bon, comme c'est bon de jouer avec vous!

Elle soupire, elle halète, puis brusquement, elle se raidit.

Quand nous partons, elle nous dit:

– Vous reviendrez tous les samedis pour vous baigner. Vous prendrez votre linge sale avec vous. Je veux que vous soyez toujours propres.

Nous disons:

– Nous vous apporterons du bois en échange de votre travail. Et des poissons et des champignons quand il y en aura.

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