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Mais nous approchions d'Assouan.

Et à force d'approcher d'Assouan, peu à peu, nous sommes arrivés à Assouan. Lorsque le guide nous a emmenés sur le fameux barrage, j'ai compris que je ne pouvais pas aller plus loin. La vue de ce barrage gigantesque, d'abord. Mais pire encore, lorsque j'ai regardé de l'autre côté, vers le sud: le lac Nasser. Il me paraissait beaucoup trop vaste pour que je puisse espérer continuer dans cette direction. Ce n'était plus un canal rassurant, comme le Nil, mais une étendue immense, qui me semblait sans limites et dans laquelle je me perdrais, comme avant, comme dans le monde, comme dans Paris.

J'étais arrivé au bout du chemin avant d'avoir trouvé une solution à mon problème. Alors, étant donné que:

1. Je ne pouvais plus avancer.

2. Je refusais de reculer.

Je suis resté sur place.

Facile.

Je me suis sauvé pour ne pas revenir avec eux vers Louqsor, vers le nord, vers le haut. Ce n'était pas une solution, mais comme il n'y en avait pas d'autre, ça revenait au même. J'ai profité d'une visite groupée dans le souk d'Assouan pour me faufiler dans une allée et disparaître. (J'aurais pu les prévenir, personne n'aurait pu me forcer à poursuivre la croisière, mais j'ai eu peur de devoir m'expliquer – un gamin (qui fugue dans la nuit glaciale, en plein Massif central, parce qu'il a eu 2 en maths et ne sait pas comment il va pouvoir faire avaler ça à ses vieux).) Je suis parti chercher mes affaires sur le bateau, en douce, puis je suis allé traîner le plus loin possible du centre touristique (je savais que mon groupe ne risquait pas de s'aventurer dans les quartiers réservés aux barbares voleurs de caméscopes et spécialistes de la traite des Blanches) et après la tombée de la nuit, j'ai pris une chambre dans le plus bel hôtel de la ville, le Old Cataract. Je ne devais plus avoir un sou à Paris, mais je faisais confiance à Clémentine. Et en y réfléchissant bien, je n'étais même plus sûr de rentrer un jour.

Le départ du bateau était prévu le lendemain. Ils ont dû s'inquiéter. C'est un peu bête de ma part. Ce n'est pas très gentil. Ou plutôt si, au contraire. Non seulement ma disparition ne leur ferait ni chaud ni froid, mais surtout cela donnerait une histoire terrible et dramatique à raconter aux Hirondelles et aux Myosotis.

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