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Trois heures plus tard, j'étais toujours assis sur le banc, oublié là. Je n'étais plus qu'un élément du décor de ce petit théâtre cafardeux, au même titre qu'un portemanteau ou qu'une chaise de bureau.

Ils ne se demandaient pas ce que je faisais là? Ils ne m'interrogeaient pas? Ne me fouillaient pas?

J'avais bien essayé une ou deux fois de demander timidement si l'on s'occupait de moi, mais n'avais reçu en réponse que des regards vides à la surface de faces vides, au mieux des regards méprisants, mais finalement pas si surpris d'entendre parler un portemanteau. Je me sentais comme le dernier cornichon au fond du bocal, dédaigné, oublié là parmi les grains de moutarde et les sales petits oignons, le cornichon que personne ne va chercher dans la saumure.

Un moment plus tard, l'un de mes geôliers a attrapé mon sac, est venu me prendre et m'a amené jusqu'au bureau d'accueil, sur lequel se trouvait la main courante. Je sors, je vais sortir, la main courante, je sors.

– Ton nom?

– Halvard Sanz.

– Albert quoi?

– Pas Albert, Halvard. Un peu comme Elvire, mais avec des A.

– Tu te fous de ma gueule? Tes papiers.

– Ils sont dans mon sac. Vous avez mon sac, là.

Après avoir noté mon nom (en secouant la tête), il m'a poussé dehors et m'a fait entrer dans une voiture banalisée où attendait déjà un collègue apathique.

Pendant que nous roulions (à vive allure!), j'avais beau échafauder quelques hypothèses, non, je ne devinais pas. Où m'emmenaient-ils, maintenant? Ces deux-là savaient-ils seulement qui j'étais? (Attention, il ne faut pas comprendre cette question de travers: elle ne sous-entend pas que j'allais leur faire payer cher leur insolence dès que je serais sorti de là – car un traducteur n'est pas un personnage suffisamment important pour faire muter des gars en Corrèze – mais: savaient-ils à peu près de quoi l'on m'accusait?)

Ils m'ont tout simplement conduit dans un autre commissariat, plus vaste, plus impressionnant. Rien d'encourageant, mais du moins ma situation évoluait. À l'entrée, ils nous ont confiés, mon sac matelot et moi, à deux de leurs collègues, avant de repartir sans un mot vers leur bolide encore fumant. Avant qu'ils aient claqué les portières, j'étais déjà dans l'escalier en colimaçon qui s'enfonçait vers les profondeurs humides et obscures du grand cauchemar carcéral.

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