[235] Iris, ou l’arc-en-ciel.
[236] La peine que souffrent les prodigues et les avares, au cinquième cercle du Purgatoire.
[237] Il était poète. C’est Stace qui parle. Publius Papinius Statius (45-96 ap. J.-C.) fut auteur des Silvae, de La Thébaïde et de l’Achilléide, qu’il n’eut cependant pas le temps de terminer. Dante l’appréciait au-delà du mérite qu’on lui attribue communément aujourd’hui, comme il le faisait aussi pour Lucain; et c’est parce qu’ils étaient tous les deux poètes épiques, et que le poème épique, ou comme il l’appelle la tragédie, était de son point de vue la forme la plus élevée de l’art. Il était originaire de Naples, et non de Toulouse, comme le croyaient Dante et ses contemporains, par suite d’une confusion. D’autre part, le christianisme du poète latin est une invention de Dante.
[238] L’ange qui garde la sortie de la cinquième terrasse a effacé le cinquième P du front du poète, en chantant la quatrième béatitude évangélique. Mais il ne l’a pas dite en entier; ce serait: Beati qui esuriunt et sitiunt justitiam «heureux ceux qui ont faim et soif de justice». L’ange à donc omis le verbe esuriunt, «ont faim», parce que cette partie de la béatitude regarde les pénitents de la terrasse suivante, les gourmands.
[239] Sur le cinquième palier du Purgatoire on punissait en même temps les avares et les prodigues. Virgile et Dante n’avaient rencontré aucun prodigue sur leur passage; ils pensaient donc que Stace était resté couché parmi les avares, et qu’il en avait été un.
[240] Ce sont deux vers de L’Énéide, III, 57-58, mais que Dante traduit à sa manière, en altérant leur sens au mieux des intérêts de sa démonstration. Virgile disait: Quid non mortalia pectora cogis, auri sacra famés? «jusqu’où ne pousses-tu pas le cœur des mortels, maudite soif de l’or?» Dans la traduction qu’en donne Dante, sacra famé est interprétée par de nombreux commentateurs comme «sainte, bienheureuse faim de l’or», et expliquée comme une référence à l’honnête désir des biens terrestres, que Dante n’exclut pas. Cette explication ne semble pas naturelle, et ce qui est honnête n’est pas forcément saint: il est plus probable que sacra est chez Dante un latinisme, que l’on comprend aisément dans une citation, et qu’il faut lui donner le sens du latin.
[241] Si je n’avais pas, dit Stace, réfléchi sur tes vers, je serais maintenant aux Enfers, en train de rouler des poids, les prodigues du septième cercle le font.
[242] En d’autres termes: on ne voit pas, dans ton poème sur la guerre de Thèbes, que ton inspiration poétique soit d’accord avec la religion chrétienne; on ne voit pas que tu aies été chrétien.
[243] Saint Pierre.
[244] Vers connus de la IVe églogue, qui ont fait la célébrité de Virgile durant tout le Moyen Age, en le transformant en une sorte de prophète des gentils. Virgile chantait la naissance du fils d’Asinius Pollio; mais ses paroles ont été interprétées comme l’annonce de la prochaine incarnation du Christ.
[245] La chronologie de la pénitence de Stace n’est pas claire. Mort environ en l’an 96, il dit avoir passé cinq cents ans parmi les couchés (cf. plus haut, chant XXI, vers 68), et quatre cents ans sur la quatrième terrasse, celle des négligents. Cela fait mille ans: il n’est pas dit ce qu’il fit pendant les trois cents ans qui le séparent encore du voyage de Dante au monde d’au-delà.
[246] Ce sont là des personnages de La Thébaïde de Stace. La fille de Tirésias est Manto, qui se trouvait avec les autres devins, au huitième cercle de l’Enfer: le fait de l’avoir introduite ici parmi les habitants du Limbe est une des erreurs de fait très rares dans l’œuvre de Dante.
[247] Comme la journée commençait à six heures du matin, il est donc dix heures passées.
[248] Ce sont des exemples de tempérance et de sobriété, proposés aux gourmands qui occupent la sixième terrasse du Purgatoire. On les verra plus loin, amaigris par leur pénitence, qui consiste à voir les fruits et l’eau sans avoir le droit de les toucher.
[249] C’est un verset du Psaume L, appelé Miserere.
[250] Erysichton avait été puni par Cérès, qui lui avait donné une faim tellement impossible à satisfaire, qu’il avait fini par se dévorer lui-même.
[251] Lors du siège de Jérusalem par Titus, la famine à l’intérieur de la ville avait été telle, qu’une femme appelée Myriam avait mangé son propre fils.
[252] Le crâne vu de face formait, pour les hommes du Moyen Age, le mot omo «homme», les deux orbites étant les O et les fosses nasales, l’M. C’est celui-ci qui est le plus difficile à reconnaître sur la face des vivants; mais les gourmands du Purgatoire étaient si maigres, qu’on le retrouvait facilement. Les explications des commentateurs sont en général assez différentes.
[253] Forese Donati, frère de Corso Donati, chef des Noirs de Florence et de Piccarda, que l’on retrouvera au Paradis, chant III, mourut en 1296. Il était un peu poète, et l’un des meilleurs amis de jeunesse de Dante. Cf. M. Barbi, La tenzone di Dante con Forese, dans Studi danteschi, IX, pp. 5-149.
[254] Puisque le repentir, qui est «l’heure de la bonne douleur ne te vint que sur le tard, alors tu avais perdu leur «le pouvoir de pécher»; puisque, donc, ta réconciliation avec le Ciel ne s’est faite qu’in extremis, je pensais que tu serais encore dans l’Antipurgatoire, où l’on rachète les années passées dans le vice par autant d’années d’attente.
[255] La femme de Forese. Dans sa correspondance poétique avec Forese, Dante taquinait son ami, en lui reprochant déjà sa gourmandise, son amour des plaisirs et sa carence en tant qu’époux: ce passage du Purgatoire est donc une sorte de réparation posthume offerte à la mémoire de l’ami, qu’il pouvait bien attaquer lorsqu’il était vivant.
[256] La Barbagia, au centre de la Sardaigne, était réputée par la grossièreté bestiale de ses habitants: selon Forese, l’autre Barbagia, celle de Florence, était encore pire.
[257] Allusion sans doute à la vie joyeuse qu’ils avaient menée ensemble: en cette circonstance, cette allusion n’est pas un souvenir agréable, mais la «confession retenue, mais sincère», qu’il n’était pas lui-même sans reproche (Tommaseo).
[258] Stace.