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«- Qu’avez-vous fait de ma mère?»

«Je n’ai pas voulu que cette chose horrible arrivât… parce que je suis la mère de ton fils. Comprends-tu maintenant pourquoi je t’ai demandé grâce? Pourquoi tu ne peux pas tuer la mère de ton enfant?’

En entendant ces paroles, qu’il était à mille lieues de prévoir, le sentiment qui domina chez Pardaillan fut l’étonnement, un étonnement prodigieux.

Eh! quoi! il était père?… Il avait un fils, lui, Pardaillan?… Et c’était dans des circonstances aussi extraordinaires qu’on lui annonçait cette paternité!…

On conçoit que cela n’était pas fait pour éveiller en lui la fibre paternelle…

Cependant, avec un sentiment de la force de Pardaillan, on ne pouvait jurer de rien.

Qui pouvait prévoir jusqu’où le conduirait plus tard cette révélation qui le laissait momentanément indifférent, du moins en apparence?

Néanmoins on comprend qu’il voulut savoir à quoi s’en tenir sur la naissance de ce fils et il interrogea Fausta qui lui fit le récit des événements que nous avons relatés dans les premiers chapitres de cette histoire. Pardaillan écouta ce récit avec une attention soutenue, et quand elle eut terminé:

– En sorte que, fit-il, mon fils se trouve, peut-être, à l’heure qu’il est, à Paris, sous la garde de votre suivante Myrthis… Et vous, digne mère, vous n’avez su trouver le temps de vous occuper de cet enfant… Il est vrai que vous aviez fort à faire… et de si graves choses… Enfin, ce qui est fait est fait.

Fausta courba la tête.

– Que comptez-vous faire? fit-elle.

– Mais… je compte rentrer à Paris… puisque aussi bien ma mission est terminée.

– Vous avez le document?

– Sans doute!… Et vous, quelles sont vos intentions?

– Je n’ai plus rien à faire non plus ici… Sixte Quint est mort. Je compte me retirer en Italie, où on me laissera vivre tranquille… Je l’espère, du moins.

Ils se regardèrent un moment fixement, puis ils détournèrent leurs regards. Ni l’un ni l’autre ne posa nettement la question au sujet de l’enfant. Peut-être chacun avait-il à part soi son idée bien arrêtée, qu’il tenait à ne pas dévoiler.

Pardaillan se leva et, s’inclinant légèrement:

– Adieu, madame, fit-il froidement.

– Adieu, Pardaillan! répondit-elle sur le même ton.

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