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– Lily, croyez-vous en moi?

– Je crois en vous, répondit Lily, comme elle eût répondu: «Je crois en Dieu.»

– Lily, puisque vous m’aimez, vous ne douterez point de moi?

– Je ne douterai jamais de vous.

– Lily, vous m’obéirez?

– Je vous obéirai, William, fit Lily.

– Quels que soient mes ordres?

– Qu’allez-vous exiger de moi? Pourquoi me parlez-vous ainsi? Voilà que votre voix est aussi dure qu’elle l’était tout à l’heure, quand vous me parliez de votre mère… J’ai peur de ce que vous allez m’ordonner.

Après un court silence, le prince dit:

– Voici: il faut me suivre, Lily!

– Vous suivre?…

– Oui. Il faut quitter cette maison.

– Quitter cette maison? Quitter ma mère, mes parents?… Que dites-vous là? Expliquez-moi vos paroles… William, où voulez-vous donc que je vous suive?

Agra répondit:

– Où je voudrai!…

Lily, éperdue, fit:

– Mais je ne peux pas! Je ne peux pas!… Ma mère en mourrait… Je ne puis quitter ma mère…

– Vous refusez de me suivre, Lily?

– Oh! William! ce n’est pas moi qui refuse de vous suivre… Je voudrais vous suivre partout et toujours, William… Mais… Songez à ma mère… Non, je ne puis vous suivre…

– C’est là votre dernière parole, Lily?

Le prince, d’un bond, fut debout sur sa selle et presque à la hauteur de Lily.

Il lui tendit les bras. Son regard tout-puissant l’attirait à lui.

Lily ne bougeait pas, mais elle était tout entière sous la domination de ce regard, et, lorsque, d’un geste lent, le prince l’eut entourée de ses bras, elle se laissa glisser sans résistance jusque sur sa poitrine.

Le prince l’avait saisie, et la pauvre Lily était sans force dans ses bras.

Agra retomba sur sa selle. Il ne toucha point aux rênes. Kali obéit à la pression de ses genoux et reprit de lui-même le chemin qui l’avait conduit derrière la villa.

Kali sortit du jardin et, sur la route, partit soudain en un galop furibond. Le prince ne se tenait toujours en selle que par l’étreinte de ses genoux et accélérait encore le galop de son cheval de son ardente pression des jarrets.

Et Lily était sur la poitrine d’Agra, défaillante, sans force…

Ils traversèrent ainsi le bois de Misère, atteignirent la route de Paris.

Kali semblait voler vers un but qu’il devait connaître.

Ils traversèrent des villages, une forêt, de vastes plaines…

Et le prince avait posé sur la bouche de Lily le baiser mortel de ses lèvres de marbre!…

XVIII CHÂTIMENT

Diane et Pold s’étaient réfugiés dans la chambre. Ils se regardaient et ne se parlaient point. Leur regard lisait avec suffisamment d’éloquence toute la folle terreur qui les hantait pour qu’ils n’eussent point à l’exprimer.

Ils étaient appuyés contre les murs, face à face. Ils ne bougeaient pas.

Ils attendaient.

Ce qu’ils attendaient, c’était l’inévitable, l’effroyable, l’horrible…

C’était la chose fatale qu’ils ne savaient pas, mais pour laquelle ils étaient là… pour laquelle on les avait amenés là!

On n’avait point mis sur eux une porte de chêne et un mur sans un dessein terrible…

Ils prévoyaient qu’on les avait destinés à quelque supplice, à un supplice qui commençait…

Diane dit, d’une voix d’hallucinée:

– Qu’attendons-nous?…

Elle dit encore:

– Pourquoi?… Pourquoi?… Pourquoi?

Les paroles de Diane firent que Pold sortit enfin de l’abîme de terreur où les révélations de la jeune femme l’avaient plongé.

Il eut un geste de résolution.

– Enfin, s’écria-t-il, il faut aviser!… Il est certain que quelque chose nous menace. Quoi? On nous retient de force ici, on nous y a murés. Cette porte, malgré sa solidité, il faut la briser.

Diane étendit sa main vers lui; elle lui parut une somnambule.

– Ne tente rien, dit-elle. Je te jure que c’est inutile!

Avec une horrible grimace de frayeur, elle s’écria:

– Mais que veulent-ils de moi? Pourquoi m’avoir enfermée dans ce tombeau?… Toi… toi… ils ont à se venger de toi… Qu’ils se vengent! qu’ils fassent ce qu’il leur plaît de toi et de ta famille! Que vous soyez vivants, que vous soyez morts, je me demande ce que cela peut bien me faire! J’ai toujours été avec eux… Je leur ai toujours obéi… Agra a été mon maître, il n’a pas cessé de l’être… Alors… alors, pourquoi m’enferment-ils ici?…

Pold avait reconquis quelque lucidité:

– Je vous dis, Diane, que nous ne devrions songer qu’à une chose: unir nos efforts pour sortir d’ici…

– Mais tu ne sortiras pas! Je te dis que tu ne sortiras pas!

– Diane, revenez à vous…

– Je te dis que nous allons mourir…

– Moi peut-être… mais vous, Diane, vous les avez servis, vous êtes leur docile instrument… Pourquoi voulez-vous qu’ils vous sacrifient?…

Elle répéta:

– Je te dis que nous allons mourir… Je te dis qu’ils ont quelque chose de terrible à accomplir ici… Nous n’y échapperons point, sois-en sûr!…

– Alors, vous vous soumettez, Diane… demanda Pold.

– À quoi?

– Au sort fatal auquel vous vous dites vouée… Moi, je lutterai jusqu’au bout! Et je vous jure que, s’ils veulent ma peau, eh bien! il faudra qu’ils viennent la prendre, et que je saurai la défendre, Diane!

Il se baissa vers la cheminée, prit un chenet et cria:

– Je les attends!… Oui, je défendrai ma peau! Et la vôtre par-dessus le marché!…

Puis il prit Diane au poignet et voulut l’entraîner:

– Allons à la porte! Il y a peut-être quelque chose à faire à la porte… Allons! du courage! ou nous sommes fichus!…

Ils sortaient de la chambre et entraient dans le vestibule quand ils crurent percevoir un bruit derrière la porte.

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