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– Écoute! fit Pold, une main étendue et arrêtant Diane.

Diane fit:

– Oui, oui, il y a là quelqu’un, là… derrière cette porte.

Pold répéta son geste de silence.

Et tous deux entendirent distinctement le bruit que faisait une clef que l’on introduisait dans une serrure.

Ils se regardèrent et reculèrent.

Ils reculèrent jusque dans la chambre.

Diane se traîna derrière le lit.

Pold, sur le seuil de la chambre, resta.

Il se dressa dans une dernière attitude de bravade, et serra le chenet dans sa main crispée.

Mais la peur, la peur atroce qu’on ne peut vaincre et qu’il n’avait point vaincue malgré tous ses efforts, faisait que ses dents claquaient.

Du seuil de la chambre, il ne pouvait voir celui qui entrait.

Il entendit donc, avec un effroi grandissant, la porte s’ouvrir.

Puis la porte fut refermée avec précaution, lentement et presque sans bruit.

Un pas glissa sur le tapis, un pas que l’on étouffait. Et, soudain, dans le cadre de clarté que faisait la porte de la chambre restée ouverte, apparut un homme.

Pold poussa un cri terrible, et son arme lui échappa de la main: cet homme était son père!

Et il suffisait à Pold d’avoir rencontré une seconde le regard de cet homme pour être définitivement fixé sur ce qu’il savait et sur ce qu’il voulait.

Lawrence regarda son fils, qui avait étendu les bras au travers de la porte.

Il le regarda d’une façon tellement étrange et en lui présentant un visage d’une pâleur tellement effrayante que Pold recula.

Lawrence avançait. Lawrence entra dans la chambre. Et Pold reculait toujours…

– Où est-elle? dit Lawrence.

Pold ne reconnut point la voix de son père et ne lui répondit pas.

Mais Lawrence venait d’apercevoir Diane. Elle le regardait venir à elle.

– Que me voulez-vous? Que me voulez-vous?…

Elle n’avait plus la force de crier. Elle voulut dire encore des choses… mais il ne s’échappait de sa bouche que des sons rauques et inintelligibles.

Lawrence fit le tour du lit. Froidement, il tira de sa poche son revolver et l’arma.

– Je veux que tu meures! dit-il.

Diane recouvra une énergie terrible. Elle bondit, se glissa le long du mur, essaya de gagner la porte de la chambre. Mais Lawrence lui avait coupé la retraite.

– Tu vas mourir, je vais te tuer comme une chienne!

– Écoute-moi! Écoute-moi, Lawrence!

Et elle hurla:

– Je ne veux pas mourir!…

Mais Lawrence avait levé sur elle son revolver. Pold ne faisait rien pour arrêter son père. Il le considérait sans un geste, sans un cri.

Il sentait bien que tout était inutile et que rien au monde ne pourrait empêcher Lawrence de frapper Diane.

Cette froide et terrible résolution se révélait tout entière dans l’âpreté de son regard et de ses paroles.

Pold regardait son père et Diane. Il vit la femme bondir du côté de la porte et tenter vainement d’échapper à Lawrence.

Il entendit Lawrence annoncer à Diane qu’elle allait mourir et il vit qu’il braquait son arme sur elle.

Il devina, plutôt qu’il ne l’entendit, qu’elle demandait grâce!

La minute était terrible.

Alors, simplement, au moment même où Lawrence tirait sur la malheureuse, au moment où le coup de feu retentissait sourdement dans la pièce, il alla se jeter entre Lawrence et Diane.

Et la balle qui était destinée à Diane, il la reçut en pleine poitrine!…

Il étendit les bras, tourna sur lui-même et s’abattit.

Puis, le pauvre Pold eut encore la force de dire à Diane:

– Tu vois bien que je t’aimais, puisque je meurs pour toi!

Une écume de sang s’échappait de sa bouche.

Ses yeux perdirent bientôt tout éclat, devinrent vitreux, tels les yeux d’un mort. Sa main, qui fouillait sa poitrine, n’eut plus un mouvement.

Ce fut, aux pieds de Lawrence, un cadavre. Le père regardait le corps de son fils. Dans sa main, son revolver fumait encore.

Il eut un hurlement.

Il avait tué son fils! Il avait tué son Pold!

Et il l’avait tué pour cette femme!…

Il releva sur Diane un visage d’outre-tombe. Il dit:

– Je voudrais te faire mourir deux fois!

Diane se releva, se glissa le long des murs, refit le tour de la pièce, arriva à la porte et sortit de la chambre avec un cri sauvage.

Mais Lawrence la suivit. Elle était abattue contre la porte de l’appartement, dans l’angle du mur. Elle se faisait toute petite et criait:

– Je ne veux pas!

Lawrence lui prit un bras, et brutalement la tira à lui.

Il eut un ricanement satanique:

– Tu ne veux pas mourir! Et Pold est mort!

Et il la traîna par les poignets.

Il la ramena près du corps de Pold.

Elle avait des hoquets effrayants. Et lui n’était point pressé de la voir mourir…

– je te dis que je vais te frapper… Je te dis que tu ne m’échapperas point… À cette heure, tu m’appartiens, Diane!… toi, qui n’as point voulu m’appartenir!… Toi, que j’ai tant priée, c’est toi qui me supplies!…

– Oui, oui, faisait-elle. Je te supplie… Écoute-moi…

– M’écoutais-tu, toi?

– Je t’écouterai, Lawrence.

– Tu ne trouves donc point qu’il est trop tard? répéta Lawrence.

Il jouait avec son arme, dont Diane ne pouvait plus détacher ses yeux.

– Si tu m’écoutais, continua-t-elle, tu verrais bien que rien de ce qui est arrivé n’est de ma faute… Je te jure que c’est Agra, que; c’est Arnoldson qui ont tout fait!… Tout!… tout!… tout!…

– Ce sont eux, sans doute, qui t’ont ordonné de me tant faire souffrir?…

– Oui, oui, Lawrence, ce sont eux!…

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