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Il n’oubliait pas le trésor – son trésor, comme il se disait joyeusement; si riche que se prétendît cet inconnu, il lui semblait que dix millions représentaient une somme qu’on ne pouvait abandonner sans en éprouver quelque déchirement. Il en concluait naturellement qu’on chercherait à lui fausser parole. Et c’est ce qu’il voulait éviter à tout prix.

Pardaillan et Jehan étaient condamnés dans son esprit. Que lui importaient les vingt-quatre heures de trêve qu’il leur accordait? Il ne pardonnait pas. Il n’oubliait pas. La trêve écoulée, il retrouverait sa liberté et reprendrait la lutte plus acharnée que jamais, fermement résolu à supprimer ces deux obstacles.

Mais pour l’instant, il se trouvait encore au pouvoir de son ennemi. Il s’agissait de faire bonne figure. Et puisqu’il avait, sous le coup de l’éblouissement, oublié un instant sa mésaventure, le plus simple était de continuer. Ce fut donc avec un sourire contraint qu’il répondit à la demande de Pardaillan.

– Venez avec moi, monsieur.

Ils quittèrent le cabinet ensemble, et pendant que Pardaillan expliquait aux trois braves réunis qu’il s’était, comme il l’espérait, mis d’accord avec Concini, celui-ci, de son côté, donnait ses ordres à ses serviteurs et les congédiait jusqu’au lendemain.

Moins d’un quart d’heure après, Pardaillan se trouvait seul avec Carcagne, Escargasse et Gringaille, maîtres absolus de la place.

Ils se hâtèrent, comme bien on pense, d’aller tirer Jehan de son cachot. Mais le jeune homme, sous l’empire du narcotique, dormait encore. Il fallut attendre qu’il se réveillât. Ils avaient le temps d’ailleurs.

Lorsque le fils de Pardaillan ouvrit les yeux, son premier soin fut de chercher sa cassette. Il la vit avec son manteau et son épée. Il y eut une explication brève, des remerciements, si bien qu’il était un peu plus de cinq heures quand ils quittèrent la petite maison de la rue des Rats.

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