Литмир - Электронная Библиотека
A
A

– Vous ai-je fait mal, ma belle? Pourtant, c’est à peine si j’ai serré. Mais il ne lâchait pas prise pour cela. Et tout à coup, très froid:

– Écoute, dit-il, je n’ai pas de temps à perdre. Si tu ne m’ouvres pas, je te traîne jusqu’à cette porte, je frappe et je te livre à ton maître en lui apprenant que tu le trahis.

– Jésus Dieu!… Mais c’est le diable en personne!

– La clé! commanda impérieusement Pardaillan.

Et comme elle n’obéissait pas, il avança vers la porte, la traînant, comme il avait dit, sans effort apparent, et malgré qu’elle résistât bravement.

Cependant il l’avait amenée jusque devant la porte. Il allongea la main vers le marteau. Elle comprit qu’elle n’était pas de force à lutter contre ce singulier personnage. Elle se résigna. Elle sortit enfin la clé, la laissa tomber à terre et voulu s’enfuir, prise d’une terrible panique.

– Minute, la belle, fit Pardaillan d’un air narquois, ramasse la clé et ouvre toi-même… et sans bruit, comme tu sais si bien le faire, as-tu dit.

La mégère baissa la tête, honteuse. Elle se voyait devinée. Elle avait pensé se débarrasser de cet énergumène en abandonnant une clé quelconque. Elle dut reconnaître que l’homme n’était pas que plus fort qu’elle. Il était encore plus malin. Il n’y avait pas moyen de résister ni de ruser avec lui.

Vaincue, elle se résigna. Et tirant une autre clé, elle ouvrit sans bruit, comme on le lui avait ordonné. Alors, Pardaillan la lâcha et elle détala en faisant force signes de croix, comme si tous les démons d’enfer eussent été à ses trousses, en geignant:

– C’est le diable! Pour sûr, c’est le diable!

89
{"b":"89048","o":1}