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– Tu as peur que je t’abandonne?

– Oui, dit nettement la Galigaï. Si j’étais seule, je vous dirais: disposez de ma vie, elle vous appartient. Mais il y a Concini, madame… C’est lui qu’on frappera… et je ne veux pas qu’on me le tue, moi!

– Moi vivante, on ne touchera pas à un cheveu de Concini!

– Le roi est le maître, madame.

– Ainsi… si tu te sentais en sûreté…

– Pas moi, madame… Concini.

– C’est ce que j’ai voulu dire… Tu ne parlerais plus de me quitter?

– Eh, madame, vous savez bien que c’est la mort dans l’âme que nous vous quitterions… Concini surtout… Il vous est si dévoué, poveretto!

– Eh bien?…

Une dernière hésitation suspendit la phrase.

– Eh bien? interrogea Léonora, qui palpitait d’espoir.

La résolution de Marie de Médicis est prise: tout plutôt que perdre Concini.

– Eh bien, dit-elle d’une voix blanche, je crois, Léonora, que tu as raison… Il est temps de déchaîner la jalousie de ton protégé.

La reine venait de prononcer la condamnation de son époux, le roi Henri IV.

Léonora se courba pour dissimuler la joie puissante qui l’étreignait. En se relevant, elle dit simplement:

– Je vais vous envoyer Concini, madame.

Et elle sortit, froide, inexorable, emportant la mort dans les plis rigides de sa robe.

Cependant Marie de Médicis souriait à l’image évoquée de Concini. Et ses lèvres pourpres, entrouvertes, appelaient le baiser de l’amant qui allait venir, le baiser qui lui était dû… Car il était sa part à elle, sa part tacitement convenue dans le meurtre qui se préparait.

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