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«Un de ces malheureux disait un jour:

«Je serais un accusé de cour d’assises, que je n’aurais pas eu en quinze jours plus d’interrogatoires; cinquante personnes, depuis hier, m’ont harcelé de questions presque toujours semblables. Je n’avais qu’une pleurésie en entrant ici; mais je crains bien que l’insatiable curiosité de tant de personnes ne me donne à la fin une fluxion de poitrine.

«Une femme me disait:

«On m’obsède à chaque instant, on veut connaître mon âge, mon tempérament, ma constitution, la couleur de mes cheveux, si j’ai la peau brune ou blanche, mon régime, mes habitudes, la santé de mes ascendants, les circonstances sous lesquelles je suis née, ma fortune, ma position, mes plus secrètes affections et le motif supposé de mes chagrins; on va jusqu’à scruter ma conduite, et jusqu’à épier des sentiments que je devrais soigneusement renfermer dans mon cœur et dont le soupçon me fait rougir. Et plus loin: – On frappe ma poitrine en vingt endroits et devant tout le monde; on y fait de vilaines marques d’encre pour indiquer apparemment le progrès des obstructions qui ont envahi mes entrailles. – Les médecins d’à présent, ajoutait cette femme, ressemblent à des inquisiteurs: on guérit maintenant comme on punissait jadis, et cela me chagrine.»

Plus loin, après avoir décrit les formalités de la visite, M. Z. ajoute:

«Le docteur ne fait qu’apparaître au lit des anciens malades qui sont en voie de guérison ou convalescents; mais, parvenu à un des lits occupés par des malades nouveaux ou en danger, il ne saurait en approcher qu’après avoir traversé la double haie d’étudiants conservant là patiemment depuis le matin leur poste d’observateurs vigilants. Quant au malade, il reste muet et silencieux au milieu de cette foule curieuse et attentive, et souvent la maladie s’aggrave en proportion de cette affluence, indiquant le danger et motivant toujours l’inquiétude. Tandis que le patient envisage le médecin avec cette émotion qui participe de la confiance et de l’anxiété, celui-ci porte circulairement sur les assistants un regard de recueillement et de circonspections, qui s’illumine soudain en arrivant au malade, dont le trouble intérieur est ainsi comblé.»

[9] À moins de circonstances très-urgentes, on ne pratique jamais de graves opérations chirurgicales avant que le malade soit acclimaté.

[10] Nous rappellerons au lecteur que le père ou la mère sont admis à faire inscrire leur fille sur le livre de prostitution au bureau des mœurs.

[11] Personne n’est plus convaincu que nous du savoir et de l’humanité de la jeunesse studieuse et éclairée qui se voue à l’apprentissage de l’art de guérir; nous voudrions seulement que quelques-uns des maîtres qui l’enseignent nous donnassent de plus fréquents exemples de cette réserve compatissante, de cette douceur charitable qui peut avoir une si salutaire influence sur le moral des malades.

[12] Mme d’Harville, arrivée seulement de la veille, ignorait que Rodolphe avait découvert que la Goualeuse (qu’il croyait morte) était sa fille. Quelques jours auparavant, le prince, en écrivant à la marquise, lui avait appris les nouveaux crimes du notaire ainsi que les restitutions qu’il l’avait obligé à faire. C’est par les soins de M. Badinot que l’adresse de Mme de Fermont, passage de la Brasserie, avait été découverte, et Rodolphe en avait aussitôt fait part à Mme d’Harville.

[13] Dans sa visite à Saint-Lazare, Mme d’Harville avait entendue parler de la Louve par Mme Armand, la surveillante.

[14] Dans une des caves submergées de Bras-Rouge, aux Champs-Élysées.

[15] Nous ne saurions trop répéter qu’à la session dernière une pétition basée sur les sentiments et les vœux les plus honorables, tendant à demander la fondation de maisons d’invalides civils pour les ouvriers, a été écartée au milieu de l’hilarité générale de la Chambre. (V. le Moniteur.)

[16] Société de bienfaisance, fondée à Londres par un de nos compatriotes, M. le comte d’Orsay, qui continue à cette noble et digne œuvre son patronage aussi généreux qu’éclairé.

[17] Nous connaissons l’activité, le zèle de M. le préfet de la Seine et de M. le préfet de police, leur excellent vouloir pour les classes pauvres et ouvrières. Espérons que cette réclamation parviendra jusqu’à eux, et que leur initiative auprès du conseil municipal fera cesser un tel état de choses. La dépense serait minime et le bienfait serait grand. Il en serait de même pour les prêts gratuits faits par le Mont-de-Piété, lorsque la somme empruntée serait au-dessous de 3 ou 4 fr., je suppose. Ne devrait-on pas aussi, répétons-le, abaisser le taux exorbitant de l’intérêt? Comment la ville de Paris, si puissamment riche, ne fait-elle pas jouir les classes pauvres des avantages que leur offrent, ainsi que je l’ai dit, beaucoup de villes du nord et du midi de la France, en prêtant soit gratuitement, soit à 3 ou 4 pour cent d’intérêt? (Voir l’excellent ouvrage de M. Blaise, sur la Statistique et l’Organisation de Mont-de-Piété, ouvrage rempli de faits curieux, d’appréciations sincères, éloquentes et élevées.)

[18] Nous savons que les femmes sont très-difficilement admises dans les maisons d’aliénés: mais nous demandons pardon au lecteur de cette irrégularité nécessaire à notre fable.

[19] Cette ferme, admirable institution curative, est située à très-peu de distance de Bicêtre.

[20] Rodolphe avait toujours laissé ignorer à Mme Georges le sort du Maître d’école depuis que celui-ci s’était évadé du bagne de Rochefort.

[21] Disons à ce propos qu’il est impossible de voir sans une profonde admiration pour les intelligences charitables qui ont combiné ces recherches de propreté hygiénique, de voir, disons-nous, les dortoirs et les lits consacrés aux idiots. Quand on pense qu’autrefois ces malheureux croupissaient dans une paille infecte, et qu’à cette heure, ils ont des lits excellents, maintenus dans un état de salubrité parfaite par des moyens vraiment merveilleux, on ne peut, encore une fois, que glorifier ceux qui se sont voués à l’adoucissement de telles misères. Là, nulle reconnaissance à attendre, pas même la gratitude de l’animal pour son maître. C’est donc le bien seulement fait pour le bien au saint nom de l’humanité; et cela n’en est que plus digne, que plus grand. On ne saurait donc trop louer MM. les administrateurs et médecins de Bicêtre, dignement soutenus d’ailleurs par la haute et juste autorité du célèbre docteur Ferrus, chargé de l’inspection générale des hospices d’aliénés, et auquel on doit l’excellente loi sur les aliénés, loi basée sur ses savantes et profondes observations.

[22] Cette école est encore une des institutions les plus curieuses et les plus intéressantes.

[23] Ordinairement la toilette des condamnés a lieu dans l’avant-greffe; mais quelques réparations indispensables obligeaient de faire dans le cachot les sinistres apprêts.

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