Son parti fut vite pris et ce fut résolument qu’il répondit:
– Soit! conduisez-moi donc… Je vous suis.
Pendant qu’il s’entretenait avec Noé, le valet avait défait l’épée suspendue à la selle d’un des chevaux et dégrafé un vaste manteau de nuance sombre.
Le chevalier s’enveloppa prudemment dans l’un et ceignit l’autre avec une satisfaction visible, non sans s’être assuré de la finesse et de la solidité de la lame.
Alors le valet lui tendit une bourse convenablement garnie en lui disant:
– De la part de M. le comte, mon maître… Le portemanteau de monsieur le chevalier contient deux autres bourses pareilles.
D’Assas, très ému, enfouit la bourse en murmurant:
– Ah! Saint-Germain! Saint-Germain!… ami fidèle et dévoué!…
Puis, tout haut, à Noé:
– Allons, monsieur, je vous suis.
– Où plaît-il à monsieur le chevalier que j’aille l’attendre? demanda respectueusement le valet en voyant que d’Assas s’apprêtait à le quitter sans lui donner ses ordres.
Celui-ci s’arrêta assez interdit et ne sachant trop que décider.
– Mais, fit Noé avec tranquillité, l’hôtellerie où nous sommes, loge à cheval. Il y aura donc de la place pour ces deux pauvres bêtes.
– Au fait, murmura d’Assas… suivez-nous de loin, dit-il alors au valet, entrez là où vous nous verrez entrer, mais, jusqu’à nouvel ordre, vous ne me connaissez pas… vous attendez votre maître… Vous me comprenez?
– Monsieur le chevalier peut-être tranquille.
Sur cette assurance, guidé par Noé, d’Assas se mit en route, suivi de loin par le valet qui conduisait les deux chevaux.