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Et pour couper court à des remerciements et à des explications, le comte passa sa main sur le front du baron de Marçay qui paraissait évanoui, et aussitôt celui-ci ouvrit les yeux en disant:

– Merci! comte, cette eau fraîche m’a fait du bien. C’est bizarre, ce singulier malaise!

– Allons! allons! fit Saint-Germain, ce ne sera rien que cela…

– Oh! je suis complètement remis… mais vraiment je suis confus!…

– Allons! je vous laisse… À propos, baron, le chevalier aura sans doute besoin pour des expériences de quelques menus objets… oh! un rien!… quelques bouts de bois… une ou deux cordes… soyez tranquille, très courtes… trop courtes pour tenter la descente d’ici à terre… Aurez-vous l’obligeance…

– Mais comment donc!… J’ai eu l’honneur de me mettre à la disposition du chevalier, j’espère qu’il voudra bien s’en souvenir.

Saint-Germain eut un coup d’œil vers d’Assas comme pour dire: «Vous voyez?… profitez de cette bonne volonté!» À quoi d’Assas eut un geste résolu qui signifiait: «Soyez tranquille!» Et tout haut:

– Mille grâces, baron! J’userai de votre gracieuse bonne volonté… sans en abuser.

– Usez et abusez, chevalier, sans quoi vous me désobligeriez.

– Vous verrez, baron, l’invention du chevalier… quelle merveilleuse invention!… Et puis, entre nous, ce sera une grande satisfaction, pour un homme de cœur comme vous, de vous dire que vous aurez contribué à rendre la liberté à ce pauvre chevalier qui est bien le meilleur et le plus inoffensif garçon de la terre…

Allons, adieu, chevalier!… Baron, je dépose à vos pieds l’expression de ma vive gratitude… ne vous dérangez pas, je vous en prie.

Et tout confit en douceurs et en politesses, le comte sortit en laissant le baron assez intrigué de cette visite en apparence si insignifiante et si banale, et le chevalier bouillant d’impatience de déplier et d’étudier cette feuille de papier si fragile qui, pourtant, à ce que prétendait Saint-Germain, contenait un trésor inestimable: la liberté.

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