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– Rien que ceci: Pardaillan t’a saisi et tu n’as pu te dégager… Si tu croises le fer avec lui, il te tuera…

– Me tuer, moi! Allons donc!

– Je te dis que Pardaillan est le seul homme au monde qui soit plus fort que toi… Mais je ne veux pas qu’il te tue, moi!… Non, per la Madona!… Demain matin, m’as-tu dit?… Répète… C’est demain matin que tu dois te battre avec lui?…

– Oui, fit Jehan, stupéfait.

– Bon!… Alors je suis tranquille, fit Saêtta, qui paraissait se calmer.

– Tu es tranquille?… pourquoi?… Que veux-tu dire?…

– Simplement ceci: demain matin, Pardaillan ne pourra plus rien contre toi!

– Étrange! murmura le jeune homme. Quelle émotion!… Jamais je n’ai vu Saêtta aussi ému… Mais alors?… Il m’aime donc?… Oui, sans doute… Sans quoi il ne tremblerait pas ainsi pour moi!… Je m’y perds… Serais-je décidément mauvais?…

Et tout haut, d’un ton brusque, mais singulièrement radouci:

– As-tu besoin d’argent?…

– Non!… c’est-à-dire… donne toujours, fit Saêtta, en empochant la bourse rebondie que le jeune homme glissait dans sa main.

Jehan s’éloignait, l’air rêveur.

Saêtta dardait sur son dos un regard terrible et grinçait:

– Demain matin!… Il sera trop tard!… Pardaillan ne pourra rien contre toi… parce que tu appartiendras au bourreau…

Il parut s’abîmer dans des réflexions profondes et il grommelait:

– Le laisser tuer par Pardaillan?… Oui… à la rigueur… Mais j’ai mieux que cela… Va, fils de Fausta, fils de Pardaillan, va, cours à l’abîme que j’ai creusé sous tes pas!… L’heure de la vengeance a enfin sonné pour moi!

Et s’enveloppant dans son manteau, de son pas souple et cadencé, il se dirigea vers le Louvre.

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