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– Eh mais!… l’assassin!

– L’assassin? s’étrangla Escargasse. Oh! diable! l’assassin!… où avais-je la tête?… L’assassin, pauvre bougre, son compte est bon, à celui-là!

– Ne l’a-t-on pas arrêté? s’inquiéta Concini.

– Je comprends!… Arrêté, enchaîné, enfermé, promptement, sûrement, proprement, je vous en réponds.

Concini se rasséréna. Mais, alors, il s’étonna: au fait, l’assassin, ils le connaissaient bien, puisqu’il était leur chef direct! D’où venait l’indifférence qu’ils manifestaient à son égard? Ne l’avaient-ils pas vu et reconnu? Ou bien, jaloux, se réjouissaient-ils de son sort? La question n’avait pas grande importance. Il était curieux de l’élucider pourtant, attendu qu’il est utile de connaître le caractère et les sentiments de ceux qu’on emploie.

– Vous l’avez vu, l’assassin? demanda-t-il en les fixant attentivement.

– Vaguement, pendant qu’on l’emportait… Dans l’état où on l’avait mis, il eût été bien empêché de marcher.

– Ah! fit Concini avec une satisfaction féroce, on l’a quelque peu maltraité?

– Maltraité! péchère!… C’est-à-dire qu’on l’a déchiré, assommé, roué de coups… Ce n’était plus une créature humaine, c’était une loque sanglante.

Cette fois, Concini était fixé. Il ne posa plus de questions. Il demeura un moment silencieux, tourmentant d’un geste machinal le manche du mignon petit poignard avec lequel il n’avait cessé de jouer, réfléchissant profondément, sans que son visage impassible décelât la nature de ses réflexions.

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