Paroles: Raymond Asso, Charles Seider. Musique: Juel 1938
On l'avait surnommé l'Chacal.
C'était un type phénoménal,
Un grand, aux épaul's magnifiques,
L'air d'un sauvagage, un peu crâneur.
Il avait décroché mon cœur
Comm' ça, d'un sourire ironique,
Le soir, à l'heure de l'apéro.
Il s'amenait dans notr' bistro,
Toujours tout seul, sans un copain
En fredonnant un drôle de r'frain.
Pan Pan l'Arbi… C'est l'Chacal qu'est par ici.
Y s'mettait au bout du comptoir,
Le r'gard lointain comm' sans rien voir.
J'attendais toujours qu'il me cause,
Qu'y r'mue un peu, qu'y fasse quéqu'chose
Mais il restait indifférent
Et sifflotait entre ses dents:
Pan Pan l'Arbi… C'est l'Chacal qu'est par ici.
Personn' connaissait son boulot
Et on parlait derrièr' son dos.
On disait: "Qu'est c'qu'y manigance?"
Les homm's le r'gardaient par en d'ssous.
Les femm's lui faisaient les yeux doux.
Parfois y avait de grands silences.
La peur montait dans les cervaux.
"C'est p't'être un flic, ce gars costaud?"
Mais lui souriait avec dédain
Et leur crachait toujours son refrain.
Pan Pan l'Arbi… C'est l'Chacal qu'est par ici.
Les mains dans les poch's du veston,
Y' semblait dir': "Venez-y donc!"
J'attendais toujours qu'il leur cause,
Qu'y r'mue un peu, qu'y fass' quéqu'chose
Mais il restait indifférent
Et sifflotait entre ses dents:
Pan Pan l'Arbi… C'est l'Chacal qu'est par ici.
Et puis un soir qu'il f'sait très chaud,
Qu'les nerfs étaient à fleur de peau
Et qu'ça sentait partout l'orage,
Comme il gueulait son sacré r'frain
Un homm' sur lui leva la main,
Alors il bondit pris de rage.
Il s'est battu sans dire un mot
Mais eux les lâch's, ils étaient trop…
Et tout d'un coup, j'l'ai vu tomber…
Alors seul'ment il m'a parlé:
Pan Pan l'Arbi,
Les salauds qu'est c'qu'ils m'ont mis
Et puis il a fermé ses yeux
En soupirant: "Ça vaut p't'êtr' mieux."
Moi, j'avais froid, comm' de la fièvre,
Mais j'ai voulu goûter ses lèvres
Au moins un' fois, car je l'aimais!
On a jamais su c'qu'il cherchait
Pan Pan l'Arbi,
Plus d'Chacal… C'était fini…