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Enfin, après avoir fouillé la maison de fond en comble, Crébillon entendit l’officier qui disait:

– Rien!… Vous aurez été mal renseigné, mon cher comte!…

Demi-tour! ajouta-t-il sur un ton de commandement. Au revoir, comte, envoyez-moi les deux hommes que j’ai laissés là-haut et rendez la liberté à ce brave homme que nous avons dérangé bien malencontreusement, à ce qu’il me paraît.

Crébillon respira.

Le chevalier avait donc pu fuir encore une fois.

Cependant une vague inquiétude le tenait encore et il se demandait ce que pouvait bien avoir à faire encore le comte du Barry, lorsque la porte s’ouvrit et celui-ci parut.

Sans dire un mot au poète, le comte fit signe aux deux soldats de partir et, s’approchant de Juliette défaillante, il dit simplement en lui offrant son bras:

– Venez, madame.

Machinalement elle obéit à l’injonction, se leva, prit le bras qu’on lui offrait et suivit du Barry, qui sortit comme il était entré, sans dire un mot, sans un salut, aux yeux ébahis de Crébillon tout déferré par cette attitude.

Lorsque le comte, emmenant Juliette, eut disparu, le brave Crébillon, revenu de sa stupeur, exhala sa mauvaise humeur par des retentissants jurons et de violentes invectives à l’adresse de celui qui venait de sortir.

– Que la fièvre quarte t’étouffe en route; oiseau de malheur, toi et ta traîtresse compagne!… Traîtresse?… Heu!… Est-ce bien sûr?… Pouvait-elle pas dire que d’Assas venait de fuir?… Elle ne l’a pas fait pourtant… pourquoi?…

Oui, mais qui sait si, maintenant que je ne suis plus là, elle ne parlera pas?… Pourtant elle paraissait sincère… Le diable emporte les femmes… Qui donc oserait rien affirmer avec cette engeance?…

Peut-être serait-il plus prudent de déguerpir… et de déménager tout doucement, jusqu’à ce que j’aie des nouvelles de d’Assas que je ne puis abandonner ainsi… En attendant, me voilà tout seul et ne sachant que faire… mordieu!…

À ce moment même la porte s’ouvrit encore une fois et Jean fit une entrée discrète.

Nous laisserons l’adroit et fidèle valet de Saint-Germain expliquer au poète comment il avait mené à bonne fin la tâche qu’il avait assumée de faire fuir le chevalier et nous suivrons le comte et sa pseudo-femme, après avoir expliqué toutefois, en quelques mots, l’intervention soudaine de du Barry accompagné d’une troupe de soldats chargés d’arrêter d’Assas.

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