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Sur le plan culturel, le PSD lance une politique de promotion de l’école. Philibert Tsiranana a toujours vu dans l’éducation une condition nécessaire au développement. Ainsi, le gouvernement s’eforça de doter chaque sous-préfecture d’un CEG et chaque préfecture importante d’un lycée. On créa une université pour la formation des cadres supérieurs destinés à remplacer progressivement les coopérants français. Tout le système éducatif était aligné au système français et s’appuyait largement sur une coopération technique importante qui fournissait personnel, manuels et matériels. Le succès fut efectif et l’efcacité indiscutable en matière de scolarisation. Mais très tôt, elle deviendra source de problèmes d’emploi. Et Philibert Tsiranana et son régime seront victimes de leur principal succès.

1.3. La fin de l’État PSD

A partir du second mandat de Philibert Tsiranana, le PSD, parti du président s’identifant au fanjakana[777], se croyait maître de tout et devint oppressif. Trop sûrs de leur autorité, les dirigeants du parti avaient minimisé le mécontentement populaire qui grondait. Malgré le long exercice du pouvoir, Philibert Tsiranana n’arrivait pas à se sevrer de la tutelle de la métropole et se trouvait dépendant, sur tous les plans, de l’assistance technique des Français. Ce qui se voyait beaucoup et touchait les sensibilités et velléités nationalistes de beaucoup de Malgaches. Les Français tenaient une place trop grande et trop voyante dans la vie du pays: présidence, armée, diplomatie, université…

Le parti PSD, suite à des problèmes de santé du Président dans le courant de l’année 1970, connut des luttes intestines qui étalaient au grand jour les rivalités pour la succession. Or, malgré sa santé défaillante, Philibert Tsiranana s’accrochait au pouvoir et se méfait de ses proches. André Resampa le tout puissant secrétaire général du PSD, fut progressivement écarté de la direction du parti.

En avril 1971, suite à une aggravation de la situation économique, le sud se souleva sous la direction du MONIMA de Monja Jaona. La répression fut disproportionnée. Sur ce fait, André Resampa avait manifesté son mécontentement. En juin 1971, on l’arrêta il fut emprisonné à Sainte-Marie dans des conditions peu enviables.

Au mois de janvier 1972, une grève éclata à l’Ecole de Médecine de Befelatanana, et, avec la dégradation du climat social, gagna l’Université. Les réactions intransigeantes du gouvernement eurent pour effet de propager la grève dans les établissements du secondaire et en province. L’arrestation suivie de la déportation à Nosy Lava du comité de grève dans la nuit du 12 au 13 mai 1972 provoqua une manifestation violente à Tananarive, avenue de l’Indépendance, le 13 mai. La Force Républicaine de Sécurité (FRS) tira sur les manifestants. Il eut une quarantaine de morts et l’Hôtel de Ville et les locaux du quotidien «Le Courrier de Madagascar» furent incendiés. La gendarmerie semblait alors prendre une position de neutralité. Le président Philibert Tsiranana, au lieu d’appeler au calme, tint des propos menaçants à l’endroit des manifestants; ces propos furent interprétés à Tananarive comme tribalistes et anti-merina. Ce qui provoqua la mobilisation des syndicats, des églises et de ce qu’on appellera aujourd’hui, la société civile de la capitale le 15 mai 1972, appelant l’armée pour «sauver le pays». Le général Ramanantsoa, le plus haut gradé de l’armée fut sollicité. Pour calmer le jeu, Philibert Tsiranana lui donna les «pleins pouvoirs», terme ambigü, qui ne signifait pas que le président partait. D’ailleurs, le général Ramanantsoa semblait ne pas vouloir son départ.

1.4. De Ramanantsoa au Directoire, la difficile transition

Le général Ramanantsoa voulait rester dans la légalité. Mais, le mouvement de mai 1972 s’était radicalisé et, pour aboutir vers une nouvelle organisation du pouvoir et de l’État, les meneurs, autour de Manandafy Rakotonirina, préparaient un grand congrès: le Zaikabe[778]. Ramanantsoa fut alors forcé à prendre les devants et organisa le 8 octobre 1972 un référendum qui devait légitimer son pouvoir. Le «oui» l’emporta largement.

Ramanantsoa prit à son compte les principes de malgachisation de l’administration, d’émancipation réelle de la tutelle française (lui qui s’exprimait en malgache avec difculté!). Les partis politiques furent suspendus (mais vite remplacés par des associations!). Mais sitôt le gouvernement mis en place, l’ethnicisme politique resurgit autour de ce qui restait du PSD. Le noyau du PSD regroupé autour de Tsiranana et de Botokeky créa l’Union Socialiste Malgache (USM) déclarant ouvertement agir pour défendre l’intérêt des côtiers. En novembre et décembre 1972, des émeutes anti-merina éclatèrent à Tamatave et à Diégo. Les troubles furent réprimés.

Le 13 mai 1973, l’aile gauche du mouvement de mai 1972, dirigée par le MFM de Manandafy Rakotonirina organisa une manifestation; les meneurs furent arrêtés.

L’action la plus éclatante fut à l’actif du jeune ministre des Afaires Etrangères Didier Ratsiraka, par la révision des accords de coopération. Le dynamique ministre de l’Intérieur Richard Ratsimandrava se ft remarquer par sa volonté de revenir à l’authenticité malgache en ressuscitant les fokonolona[779]. Ses idées seront récupérées par Didier Ratsiraka. En adoptant un discours agressif et menaçant à l’encontre des anciens dirigeants les very seza, il se faisait sans le savoir des ennemis dangereux.

Suite aux troubles et à l’instabilité qui s’installait, les Européens, les colons, ainsi que beaucoup de Chinois et d’Indopakistanais quittèrent l’île. Au mois de décembre 1974, un mandat d’arrêt fut lancé contre une trentaine d’ofciers côtiers soupçonnés de vouloir renverser le régime Ramanantsoa. Parmi ces ofciers, le colonel Bréchard Rajaonarison rejoignit le camp des ex-FRS rebaptisés Groupement Mobile de la Police (GMP) et s’engagea vers une rébellion ouverte contre le régime. Ils eurent le soutien d’André Resampa, de Philibert Tsiranana ainsi que de certains ministres du gouvernement Ramanantsoa. Le 25 janvier 1975, Ramanantsoa dissout le gouvernement mais n’arriva pas à en former un nouveau. Le 5 février 1975, il démissionna et donna les pleins pouvoirs au colonel Ratsimandrava.

Ratsimandrava forma alors un gouvernement; parmi les rares rescapés du gouvernement Ramanantsoa, il n’avait gardé ni Didier Ratsiraka ni Albert Zafy. Au lieu de prendre une position conciliante de rassembleur, le colonel se cantonna à son discours menaçant; des tentatives de négociation furent entamées pour résoudre la rébellion de Bréchard Rajaonarison. Les positions étaient inconciliables. Le 11 février 1975, il fut assassiné six jours après avoir pris les pleins pouvoirs.

Pour ne pas laisser un vide à la tête du pays, le Directoire militaire composé de 18 ofciers dirigé par le général Andriamahazo se constitua. Parmi les membres fgurait Didier Ratsiraka, mais Rabetafka en était absent. La loi martiale fut proclamée aussitôt et la rébellion fut réprimée par les armes. Au procès (mars – juin 1975) comparurent, avec les militaires rebelles, Philibert Tsiranana et André Resampa. Le procès se termina par un verdict clément (acquittement ou peines légères pour la majorité des accusés). Le Directoire put ainsi rétablir l’ordre et préserver l’unité du pays.

Une fois ce problème résolu, une lutte pour le contrôle du pouvoir au sein du Directoire se termina par la victoire du jeune Didier Ratsiraka qui dissout le Directoire militaire le 15 juin 1975. Le Directoire fut remplacé par un Conseil Suprême de la Révolution (CSR). Didier Ratsiraka annonça une série de mesures radicales et inattendues qui surprirent plus d’un, comme la nationalisation des banques et des compagnies d’assurance ainsi que l’expropriation des grandes unités agricoles coloniales.

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777

État, administration.

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778

Grand meeting.

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779

Collectivité locale autogérée et autoadministrée.

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