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que lui, tant en secret qu’au su de tout le monde.

Mais il ne sera plus supporté longuement

par Dieu dans son office; il descendra bientôt

où la justice a fait tomber Simon le Mage,

et celui d’Anagni s’enfoncera d’autant.» [419]

CHANT XXXI

Ainsi, sous cet aspect de rosé toute blanche,

se montrait à mes yeux cette sainte milice

qu’au prix de son sang même épousa Jésus-Christ.

L’autre [420], qui dans son vol voit et chante la gloire

de Celui qui fait seul le but de son amour,

ainsi que sa bonté qui la rendit heureuse,

imitant un essaim d’abeilles qui tantôt

se pose sur les fleurs, et qui tantôt retourne

au point où la saveur de son butin augmente,

descendait dans le sein de cette grande fleur

qu’orne un nombreux feuillage, et remontait ensuite

où l’Amour a fixé son siège pour toujours.

Leurs visages à tous étaient de pure flamme;

leurs ailes étaient d’or, et le reste si blanc

que la neige jamais ne le fut à ce point [421].

Et descendant ainsi de gradin en gradin

dans cette fleur, un peu de leur paisible ardeur

acquise en voletant se répandait partout.

Et cependant le vol de ces foules sans nombre

venant s’interposer au-dessus de la fleur,

n’empêchait nullement la vue ou la splendeur,

car la clarté divine entre dans l’univers

dans la proportion dont il se montre digne,

et rien d’autre ne peut lui former un obstacle.

Et ce royaume heureux, que rien ne peut troubler

et où la gent antique abonde et la nouvelle,

offrait au même endroit leur amour et leur joie.

Brillante Trinité qui dans l’étoile unique

qui scintille pour eux, fais ainsi leur bonheur,

regarde vers le bas et vois nos infortunes!

Si jadis, descendant des rivages qu’Hélice

contemple tous les jours de là-haut, en tournant,

avec le fils qu’elle aime encore [422], les barbares

restèrent stupéfaits, apercevant de Rome

les superbes palais, du temps où le Latran [423]

se trouvait au sommet des choses de ce monde,

moi-même, qui venais de l’humain au divin

et qui passais du temps à cette éternité

et de notre Florence au peuple juste et pur,

je laisse à deviner quelle était ma stupeur!

Et cependant par elle, ainsi que par la joie

j’oubliais mon silence avec celui des autres.

Comme le pèlerin qui se fait un bonheur

de visiter le temple où l’appelait son vœu,

en pensant aux récits qu’il doit à ses amis,

tout en me promenant dans la vive lumière,

je suivais du regard chacun de ces gradins

vers le haut, vers le bas ou bien tournant en rond.

J’y voyais dés regards invitant à l’amour

du prochain, où brillait la lumière d’en haut

sur leur propre sourire, et de dignes abords.

Déjà de mon regard je pouvais embrasser

l’aspect du Paradis pris dans tout son ensemble,

sans m’arrêter encor sur aucun de ses points;

et je me retournais, pris par une autre envie,

pour savoir de ma dame un peu plus de détails

sur lesquels mon esprit restait comme en suspens.

J’attendais une voix, une autre répondit [424]:

car je pensais trouver Béatrice, et je vis

un vieillard habillé comme on l’est dans la gloire.

On voyait son regard et son visage empreints

d’un suave bonheur où brillait la bonté

qui le rendait pareil au plus tendre des pères.

«Où est-elle?» ont été mes premières paroles.

«Pour mener, me dit-il, ton désir à la fin,

Béatrice m’a fait abandonner ma place.

Regarde vers le haut, sur le troisième cercle

à partir du sommet, et tu la reverras,

assise sur le trône où la met son mérite.»

Sans plus tarder alors, je levai mon regard

et je la vis là-haut, portant une couronne

que formaient les reflets des rayons éternels.

L’œil mortel n’est jamais à si grande distance

de la plus haute zone où gronde le tonnerre,

même s’il a plongé jusqu’au fond de la mer [425],

que Béatrice était de ma vue éloignée;

mais cela n’était rien, parce que son image

parvenait jusqu’à moi, pure de tout milieu.

«Ô dame, qui soutiens toute mon espérance

et qui, pour mon salut, avais daigné laisser

jusqu’au fond de l’Enfer la trace de tes pas,

je reconnais tenir la grâce et la vertu

de tant et tant d’objets que j’ai pu contempler,

rien que de ta puissance et magnanimité.

D’esclave, ta faveur vient de me rendre libre,

grâce à tous les recours et par tous les moyens

qui, pour mener au but, étaient en ton pouvoir.

Conserve-moi toujours cette magnificence,

en sorte que mon âme, enfin par toi guérie,

sans les liens du corps, jouisse de ta grâce. «

Telle fut ma prière; et elle, d’aussi loin

qu’elle semblait, sourit en regardant vers moi,

puis elle se tourna vers la Source éternelle.

Alors le saint vieillard: «Afin que s’accomplisse

de point en point, dit-il, jusqu’au bout ton voyage

auquel m’ont invité l’amour et la prière,

survole du regard tout ce vaste jardin!

Sa contemplation préparera ta vue

pour mieux monter ensuite aux célestes rayons.

Et la Reine du ciel, qui fait brûler mon cœur

du plus parfait amour, nous donnera sa grâce,

car moi-même, je suis son fidèle Bernard.» [426]

Comme celui qui vient, mettons de Croatie

uniquement pour voir chez nous la Véronique [427]

et ne peut assouvir sa faim qui vient de loin,

mais se dit en son cœur, pendant qu’on la lui montre:

«Ô Seigneur Jésus-Christ, ô Dieu de vérité,

alors votre visage était-il ainsi fait?»

tel je restais, voyant l’active charité

de celui qui chez nous, dans le monde d’en bas,

goûtait en contemplant un peu de cette paix.

«Fils de la grâce, fut son entrée en matière,

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