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[151] Il y a des reproches qui louent, et des louanges qui médisent (max. 148, I 153).

[152] La raillerie est une gaieté agréable de l'esprit, qui enjoue la conversation, et qui lie la société si elle est obligeante, ou qui la trouble si elle ne l'est pas (début de MP 34).

[153] Elle est plus pour celui qui la fait que pour celui qui la souffre (suite de MP 34).

[154] C'est toujours un combat de bel esprit, que produit la vanité; d'où vient que ceux qui en manquent pour la soutenir, et ceux qu'un défaut reproché fait rougir, s'en offensent également, comme d'une défaite injurieuse qu'ils ne sauraient pardonner (suite de MP 34).

[155] C'est un poison qui tout pur éteint l'amitié et excite la haine, mais qui corrigé par l'agrément de l'esprit, et la flatterie de la louange, l'acquiert ou la conserve; et il en faut user sobrement avec ses amis et avec les faibles (fin de MP 34).

[156] L'intérêt fait jouer toute sorte de personnages, et même celui de désintéressé (max. 39, I 43).

[157] Il n'y a que Dieu qui sache si un procédé est net, sincère, et honnête (max. 170, I 178).

[158] La sincérité est une naturelle ouverture du cœur; on la trouve en fort peu de gens, et celle qui se pratique d'ordinaire n'est qu'une fine dissimulation pour arriver à la confiance des autres (max. 62, I 71).

[159] Un habile homme doit savoir régler le rang de ses intérêts, et les conduire chacun dans son ordre. Notre avidité les trouble souvent, en nous faisant courir à cent choses à la fois. De là vient que pour désirer trop les moins importantes nous ne faisons pas assez pour obtenir les plus considérables (max. 66, I 76).

[160] L'intérêt, à qui on reproche d'aveugler les uns, est tout ce qui fait la lumière des autres (max. 40, I 44).

[161] On ne blâme le vice, et on ne loue la vertu, que par intérêt (MS 28, I 151).

[162] La nature, qui se vante d'être toujours sensible, est dans la moindre occasion étouffée par l'intérêt (max. 275, I 299).

[163] Les philosophes ne condamnent les richesses que par le mauvais usage que nous en faisons: il dépend de nous de les acquérir et de nous en servir sans crime, au lieu qu'elles nourrissent et accroissent les vices comme le bois entretient et augmente le feu. Nous pouvons les consacrer à toutes les vertus, et les rendre même par là plus agréables et plus éclatantes (MP 3)

[164] Le mépris des richesses, dans les philosophes, était un désir caché de venger leur mérite de l'injustice de la fortune, par le mépris des mêmes biens dont elle les privait… C'était un secret qu'ils avaient trouvé pour se dédommager de l'avilissement de la pauvreté. C'était enfin un chemin détourné pour aller à la considération qu'ils ne pouvaient avoir par les richesses (max. 54, I 63).

[165] La finesse n'est qu'une pauvre habileté (MP 2).

[166] Rien n'est si dangereux que l'usage des finesses, que tant de gens d'esprit emploient communément. Les plus habiles affectent de les éviter toute leur vie, pour s'en servir dans quelque grande occasion et pour quelque grand intérêt (max. 124, I 126).

[167] Comme elles sont l'effet d'un petit esprit, il arrive quasi toujours que celui qui s'en sert pour se couvrir en un endroit se découvre en un autre (max. 125, I 127).

[168] La plus déliée de toutes les finesses est de faire semblant de tomber dans les pièges que l'on nous rend. On n'est jamais si aisément trompé que quand on songe à tromper les autres (max. 117, I 121).

[169] Chacun pense être plus fin que les autres; et si l'on était habile, on ne ferait jamais de finesse ni de trahison (MP 5 et max. 126, I 128).

[170] La folie nous suit dans tous les temps de la vie; et si quelqu'un paraît sage, c'est seulement parce que ses folies sont proportionnées à son âge et à sa fortune (max. 207, I 219).

[171] Les plus sages le sont dans les choses indifférentes, mais ils ne le sont presque jamais dans leurs plus sérieuses affaires; et qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit (MS 22, I 132, et max. 209, I 221).

[172] La faiblesse fait commettre plus de trahisons que le véritable dessein de trahir (max. 120, I 124).

[173] Quelque prétexte que nous donnions à nos afflictions, ce n'est que l'intérêt et la vanité qui les causent (max. 232. I 246).

[174] Il y a une espèce d'hypocrisie dans les afflictions; car, sous prétexte de pleurer une personne qui nous est chère, nous pleurons la diminution de notre bien, de notre plaisir, ou de notre considération, en la personne que nous avons perdue. De cette manière les morts ont l'honneur des larmes qui ne coulent que pour ceux qui les pleurent. J'ai dit que c'était une espèce d'hypocrisie, parce que par elle l'homme se trompe seulement lui-même. Il y en a une autre, qui n'est pas si innocente, et qui impose à tout le monde. C'est l'affliction de certaines personnes qui aspirent à la gloire d'une belle et immortelle douleur. Car le temps, qui consomme tout, ayant consommé ce qu'elles pleurent, elles ne laissent pas d'opiniâtrer leurs pleurs, leurs plaintes et leurs soupirs; elles prennent un personnage lugubre, et travaillent à persuader par toutes leurs actions qu'elles égaleront la durée de leurs pleurs à leur propre vie. Cette triste et fatigante vanité se trouve pour l'ordinaire dans les femmes ambitieuses, parce que, leur sexe leur fermant tous les chemins à la gloire, elles se jettent dans celui-ci, et s'efforcent à se rendre célèbres par la montre d'une inconsolable douleur (cf. la maxime suivante).

[175] Outre ce que nous avons dit, il y a encore quelques autres espèces de larmes qui coulent de certaines petites sources, et qui par conséquent s'écoulent incontinent. On pleure pour avoir la réputation d'être tendre, on pleure pour être pleuré, et on pleure enfin de honte de ne pas pleurer (pour cette maxime et la précédente: max. 233, I 247).

[176] Les faux honnêtes gens sont ceux qui déguisent la corruption de leur cœur aux autres et à eux-mêmes; les vrais honnêtes gens sont ceux qui la connaissent parfaitement et la confessent aux autres (max. 202, I 214).

[177] Le vrai honnête homme est celui qui ne se pique de rien (max. 203, I 215).

[178] Une des choses qui fait que l'on trouve si peu de gens qui nous paraissent raisonnables et agréables dans la conversation, c'est qu'il n'y a quasi personne qui ne pense plutôt à ce qu'il veut dire qu'à répondre précisément à ce qu'on lui dit, et que les plus habiles et les plus complaisants se contentent de montrer seulement une mine attentive, au même temps que l'on voit dans leurs yeux et dans leurs esprits un égarement et une précipitation de retourner à ce qu'ils veulent dire, au lieu de considérer que c'est un mauvais moyen de plaire ou de persuader les autres, de chercher si fort à se plaire à soi-même, et que bien écouter et bien répondre c'est une des grandes perfections qu'on puisse avoir (max. 139. I 141).

[179] La coquetterie est le fonds de l'humeur de toutes les femmes, mais toutes n'en ont pas l'exercice, parce que la coquetterie de quelques-unes est arrêtée et enfermée par leur tempérament et par leur raison (max. 241. I 263).

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