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L’humilité est la véritable preuve des vertus chrétiennes; sans elle nous conservons tous nos défauts, et ils sont généralement couverts par l’orgueil, qui les cache aux autres, et souvent à nous-mêmes. (Max. 358, var.)

26 Les infidélités devraient éteindre l’amour, et il ne faudrait point être jaloux de ce qui donne sujet de l’être. Il n’y a que les personnes qui évitent de donner de la jalousie qui soient dignes qu’on en ait pour elles. (Max. 359, var.)

On se décrie beaucoup plus auprès de nous par les moindres infidélités qu’on nous fait que par les plus grandes qu’on fait aux autres. (Max. 360.)

27 La jalousie naît toujours avec l’amour, mais elle ne meurt pas toujours avec lui. (Max. 361.)

22 La plupart des femmes ne pleurent pas tant la mort de leurs amants pour les avoir aimés que pour paraître plus dignes d’être aimées. (Max. 362.)

38 Les violences qu’on nous fait nous font souvent moins de peine que celles que nous nous faisons à nous-mêmes. (Max. 363.)

29 On sait assez qu’il ne faut guère parler de sa femme; mais on ne sait pas assez qu’on devrait encore moins parler de soi. (Max. 364.)

Il y a de bonnes qualités qui dégénèrent en défauts quand elles sont naturelles, et d’autres qui ne sont jamais parfaites quand elles sont acquises. La raison doit nous rendre ménagers de notre bien, et difficiles à tromper, et il faut que la nature nous fasse naître vaillants, et sincères. (Max. 365, var.)

Quelque défiance que nous ayons de la sincérité de ceux qui nous parlent, nous croyons toujours qu’ils nous disent plus vrai qu’aux autres. (Max. 366.)

39 Il n’est jamais plus difficile de bien parler que lorsqu’on ne parle que de peur de se taire.

23 Il y a peu d’honnêtes femmes qui ne soient lasses de leur métier. (Max. 367.)

21 La plupart des honnêtes femmes sont des trésors cachés, qui ne sont en sûreté que parce qu’on ne les cherche pas. (Max. 368.)

Les violences qu’on se fait pour s’empêcher d’aimer sont souvent plus cruelles que les rigueurs de ce qu’on aime. (Max. 369.)

Il n’y a guère de poltrons qui connaissent toujours toute leur peur. (Max. 370.)

28 C’est presque toujours la faute de celui qui aime, de ne pas connaître quand on cesse de l’aimer. (Max. 371.)

On craint toujours de voir ce qu’on aime quand on vient de faire des coquetteries ailleurs. (MS 73, n 372 de la 4e éd.)

Il y a de certaines larmes qui nous trompent souvent nous-mêmes, après avoir trompé les autres. (Max. 373.)

24 Si on croit aimer sa maîtresse pour l’amour d’elle, on est bien trompé. (Max. 374.)

40 On doit se consoler de ses fautes, quand on a la force de les avouer. (MS 74, n 375 de la 4e éd.)

L’envie est détruite par la véritable amitié, et la coquetterie par le véritable amour. (Max. 376.)

41 Le plus grand défaut de la pénétration n’est pas de n’aller point jusqu’au bout, c’est de le passer. (Max. 377.)

42 On donne des conseils, mais on n’inspire point de conduite (Max. 378.)

43 Quand notre mérite baisse, notre goût baisse aussi. (Max. 379.)

44 La fortune fait paraître nos vertus et nos vices comme la lumière fait paraître les objets. (Max. 380.)

25 La violence qu’on se fait pour demeurer fidèle à ce qu’on aime ne vaut guère mieux qu’une infidélité. (Max. 381.)

45 Nos actions sont comme les bouts-rimés, que chacun fait rapporter à ce qu’il lui plaît. (Max. 382.)

L’envie de parler de nous, et de faire voir nos défauts du côté que nous les voulons bien montrer, fait une grande partie de notre sincérité. (Max. 383, var.)

On ne devrait s’étonner que de pouvoir encore s’étonner. (Max. 384.)

On est presque également difficile à contenter quand on a beaucoup d’amour, et quand on n’en a plus guère. (Max. 385.)

45. Réponse de Mme de Rohan à l’envoi précédent.

Je vous renvoie vos maximes, Monsieur, en vous rendant mille et mille grâces très humbles. Je ne les louerai point comme elles méritent d’être louées, parce que je les trouve trop au-dessus de mes louanges. Elles ont un sens si juste et si délicat, quoiqu’il soit quelquefois un peu détourné, qu’il ne faudrait pas moins de délicatesse pour vous dire ce qu’on en pense qu’il vous en a fallu pour les faire. Vous avez une lumière si vive pour pénétrer le cœur de tous les hommes qu’il semble qu’il n’appartienne qu’à vous de donner un jugement équitable sur le mérite ou le démérite de tous ses mouvements, avec cette différence pourtant qu’il me semble, Monsieur, que vous avez encore mieux pénétré celui des hommes que celui des femmes; car je ne puis, malgré la déférence que j’ai pour vos lumières, m’empêcher de m’opposer un peu à ce que vous dites, que leur tempérament fait toute leur vertu, puisqu’il faudrait conclure de là que leur raison leur serait entièrement inutile. Et quand même il serait vrai qu’elles eussent quelquefois les passions plus vives que les hommes, l’expérience fait assez voir qu’elles savent les surmonter contre leur tempérament, de sorte que, quand nous consentirons que vous mettiez de l’égalité entre les deux sexes, nous ne vous ferons pas d’injustice pour nous faire grâce. Il est même bien plus ordinaire aux femmes de s’opposer à leur tempérament qu’aux hommes, lorsqu’elles l’ont mauvais, parce que la bienséance et la honte les y forceraient quand même leur vertu et leur raison ne les y obligeraient pas. Voici les trois de vos maximes que j’aime le mieux et qui m’ont le plus charmée:

1. Il ne faudrait point être jaloux quand on nous donne sujet de l’être il n’y a que les personnes qui évitent de donner de la jalousie qui soient dignes qu’on en ait pour elles.

2. La fortune fait paraître nos vertus et nos vices comme la lumière fait paraître les objets.

3. La violence qu’on se fait pour demeurer fidèle à ce qu’on aime ne vaut guère mieux qu’une infidélité.

Je vous avoue, Monsieur, que, quoique vos maximes soient très belles, ces trois-là me paraissent incomparables et qu’on ne sait à qui donner le prix, ou au sens ou à l’expression. Mais comme vous m’avez engagée à vous parler franchement, trouvez bon que je vous dise que je n’entends pas bien votre première maxime où vous dites: «L’accent du pays où on est né demeure dans l’esprit, et dans le cœur, comme dans le langage.» Je crois que cela est fort bien et fort juste; mais je ne connais point ces accents qui demeurent dans l’esprit et dans le cœur. Je crois que c’est ma faute de ne les entendre ni de ne les pas sentir, et cette maxime me fait connaître ce que vous dites dans la quatrième, que les occasions nous font connaître aux autres et à nous-mêmes.

Cette autre maxime où vous dites que l’on perd quelquefois des personnes qu’on regrette plus qu’on n’en est affligé, et d’autres dont on est affligé quelque temps et qu’on ne regrette guère, n’est pas à mon usage; car la mesure de ma douleur serait toujours la mesure de mon regret, et j’ai grand peine à comprendre que je puisse séparer ces deux choses, parce que ce qui aurait mérité mon attachement mériterait également et mon regret et mes larmes et ma douleur.

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