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[189] L'imitation est toujours malheureuse et tout ce qui est contrefait déplaît avec les mêmes choses qui charment lorsqu'elles sont naturelles (MS 43, I 245).

[190] Dieu a mis des talents différents dans l'homme comme il a planté de différents arbres dans la nature, en sorte que chaque talent de même que chaque arbre a ses propriétés et ses effets qui lui sont tous particuliers; de là vient que le poirier le meilleur du monde ne saurait porter les pommes les plus communes, et que le talent le plus excellent ne saurait produire les mêmes effets des talents les plus communs; de là vient encore qu'il est aussi ridicule de vouloir faire des sentences sans en avoir la graine en soi que de vouloir qu'un parterre produise des tulipes quoiqu'on n'y ait point semé les oignons (MP 9).

[191] L'honneur acquis est caution de celui qu'on doit acquérir (max. 270, I 294).

[192] L'intérêt, à qui on reproche d'aveugler les uns, est ce qui fait toute la lumière des autres (max. 40, I 44).

[193] Il y a des reproches qui louent et des louanges qui médisent (max. 148, I 153).

[194] Ce n'est pas assez d'avoir de grandes qualités, il en faut avoir l'économie (max. 159, I 166).

[195] Une preuve convaincante que l'homme n'a pas été créé comme il est, c'est que plus il devient raisonnable et plus il rougit en soi-même de l'extravagance, de la bassesse et de la corruption de ses sentiments et de ses inclinations (MP 10).

[196] On se mécompte toujours dans le jugement que l'on fait de nos actions quand elles sont plus grandes que nos desseins (max. 160, I 167).

[197] Il faut une certaine proportion entre les actions et les desseins qui les produisent, sans laquelle les actions ne font jamais tous les effets qu'elles doivent faire (max. 161, I 168).

[198] Quoique la vanité des ministres se flatte de la grandeur de leurs actions, elles sont bien souvent les effets du hasard ou de quelque petit dessein (max. 57, I 66).

[199] La nature, qui se vante d'être toujours sensible, est dans la moindre occasion étouffée par l'intérêt (max. 275, I 299).

[200] Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit (max. 209, I 221).

[201] Les grands hommes s'abattent et se démontent à la fin par la longueur de leurs infortunes; cela ne veut pas dire qu'ils fussent forts quand ils les supportaient, mais seulement qu'ils se donnaient la gêne pour le paraître, et qu'ils soutenaient leurs malheurs par la force de leur ambition et non pas par celle de leur âme; cela fait voir manifestement qu'à une grande vanité près les héros sont faits comme les autres hommes (max. 24, I 27).

[202] La plupart des gens ne voient dans les hommes que la vogue qu'ils ont et le mérite de leur fortune (max. 212, I 224).

[203] Il n'appartient qu'aux grands hommes d'avoir de grands défauts (max. 190, I 198).

[204] Toutes les vertus des hommes se perdent dans l'intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer (max. 171, I 180).

[205] Il y a des hommes que l'on estime, qui n'ont pour toutes vertus que des vices qui sont propres à la société et au commerce de la vie (max. 273, I 297).

[206] Il ne faut pas s'offenser que les autres nous cachent la vérité puisque nous nous la cachons si souvent nous-mêmes (MP II).

[207] Rien ne prouve davantage combien la mort est redoutable que la peine que les philosophes se donnent pour persuader qu'on la doit mépriser (MP 12).

[208] Rien ne prouve tant que les philosophes ne sont pas si bien persuadés qu'ils disent que la mort n'est pas un mal que le tourment qu'ils se donnent pour éterniser leur réputation (MS 53, I 285, Ier état).

[209] Il semble que c'est le diable qui a tout exprès placé la paresse sur la frontière de plusieurs vertus (MP 13).

[210] La fin du bien est un mal, la fin du mal est un bien (MP 14).

[211] L'orgueil est égal dans tous les hommes et il n'y a de différence qu'en la manière de le mettre au jour (max. 35, I 39).

[212] On blâme aisément les défauts des autres, mais on s'en sert rarement à corriger les siens (MP 15).

[213] On n'oublie jamais si bien les choses que quand on s'est lassé d'en parler (MS 26, I 144).

[214] Comment peut-on se répondre si hardiment de soi-même puisqu'il faut auparavant se pouvoir répondre de sa fortune? (MS II, I 70.)

[215] L'espérance, toute vaine et toute trompeuse qu'elle est d'ordinaire, sert au moins à nous mener à la fin de la vie par un beau chemin (max. 168, I 175).

[216] La magnanimité est assez définie par son nom; on pourrait dire toutefois que c'est le bon sens de l'orgueil et la voie la plus noble qu'elle ait pour recevoir des louanges (max. 285, I 313).

[217] La clémence c'est un mélange de gloire, de paresse et de crainte dont nous faisons une vertu (max. 16, I 16).

[218] On n'est pas moins exposé aux rechutes des maladies de l'âme que de celles du corps; nous croyons être guéris bien que le plus souvent ce ne soit qu'un relâche ou un changement de mal; quand les vices nous quittent, nous voulons croire que c'est nous qui les quittons; on pourrait presque dire qu'ils nous attendent sur le cours ordinaire de la vie comme des hôtelleries où il faut successivement loger, et je doute que l'expérience même nous en peut [sic] garantir s'il nous était permis de faire deux fois le même chemin (max. 193, 192 et 191, I 204, 203 et 202).

[219] Si l'on juge de l'amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus à la haine qu'à l'amitié (max. 72, I 82).

[220] On n'est jamais si ridicule par les qualités que l'on a que par celles qu'on affecte d'avoir (max. 134, I 136).

[221] La durée de nos passions ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie (max. 5, I 5).

[222] Il y a beaucoup de femmes qui n'ont jamais eu de galanteries, mais je ne sais s'il y en a qui n'en aient jamais eu qu'une (max. 73, I 83).

[223] L'amour est à l'âme de celui qui aime ce que l'âme est au corps qu'elle anime (MS 13, I 77).

[224] Il n'y a point de déguisement qui puisse longtemps cacher l'amour où il est, ni le feindre où il n'est pas (max. 70, I 80).

[225] Comme on n'est jamais libre d'aimer ou de cesser d'aimer, on ne peut se plaindre avec justice de la cruauté de sa maîtresse, ni elle de la légèreté de son amant (MS 62, I 81).

[226] La durée de l'amour et ce qu'on appelle ordinairement constance sont deux choses bien différentes: la première vient de ce que l'on trouve sans cesse dans la personne que l'on aime, comme dans une source inépuisable, de nouveaux sujets d'aimer, et l'autre vient de qu'on se fait un honneur de tenir sa parole (max. 176, I 185).

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