[31] Elle devine et interprète la pensée de Dante, comme Daniel avait deviné et interprété le songe de Nabuchodonosor.
[32] Dante se posait deux questions également pressantes:
1. Si le manquement aux vœux est dû à une cause violente qui nous y oblige, peut-on nous en rendre responsables?
2. Platon, dans Tintée (cité par Dante à travers la mention qu’en faisait saint Augustin, Cité de Dieu, XIII, 19), prétend que les âmes existent dans les étoiles, avant la naissance des hommes, et qu’elles y retournent après leur mort: cette opinion répond-elle à la réalité? La réponse suit l’ordre contraire.
[33] Le séjour des bienheureux, leur bonheur ne sont différents pas d’après les cieux dans lesquels ils font leur demeure.
[34] Comme manifestation sensible de l’Empyrée, qui est le vrai séjour des âmes élues. Si l’on fait des étoiles l séjour des âmes, ce n’est pas parce que ce séjour leur a et’ destiné, mais parce que l’imagination et l’intelligence de hommes ont besoin de points d’appui matériels, et que ce n’est qu’à partir de l’image visible des étoiles que l’on peut concevoir l’image invisible de l’Empyrée. Ainsi donc, Platon a tort, lorsqu’il dit que les âmes retournent aux étoiles
[35] Quoique Platon se trompe absolument, il a raison s’il ne se réfère qu’aux influences qui viennent aux âmes, des étoiles, puisqu’il est certain que ces influences existent. Cependant, elles ne sont pas telles, qu’elles suppriment le libre arbitre: et c’est à tort que le monde ancien avait transformé cette même influence en divinité.
[36] Les âmes que Dante vient de voir au ciel de la Lune.
[37] Béatrice avait dit au poète, au chant précédent, qu’il peut parler aux âmes élues, qui ne sauraient mentir, car le Vrai dont elles dépendent immédiatement «les oblige à rester à jamais dans ses voies». Cependant, Piccarda venait de dire que l’impératrice Constance, tirée de force de son couvent (ce qui, d’ailleurs, n’est pas un fait historique), était restée «fidèle au voile»; et maintenant Béatrice lui dit que ces âmes sont là parce qu’elles n’ont pas eu la «volonté entière» comme saint Laurent: il y a une contradiction apparente entre ces deux affirmations.
[38] Cf. Enfer, note 193, et Purgatoire, note 123.
[39] Le vouloir relatif, qui pousse à accepter une mauvaise solution comme un moindre mal.
[40] Les vœux sont un sacrifice fait à Dieu du libre arbitre, qui est le don le plus précieux que Dieu ait fait à l’homme; on ne saurait le compenser par rien d’aussi précieux.
[41] Selon Dante, un vœu est comparable à un contrat entre l’homme et Dieu. Ce contrat prévoit d’une part une obligation, qui reste inéludable: c’est pourquoi chez les juifs, chez qui l’offrande était une obligation, on pouvait, en certain cas, la permuter, mais non la supprimer; et, d’autre part, un objet matériel qui, lui, est susceptible de substitution.
[42] Les deux clefs qui sont le symbole du pouvoir spirituel de l’Église: elle seule peut décider si une substitution ou un changement de vœux est licite ou non.
[43] Jephté, juge d’Israël, avait fait vœu de sacrifier le premier être qui sortirait de chez lui, s’il gagnait la victoire contre les Ammonites: ce fut sa fille qui sortit la première. Ce sacrifice rappelle celui d’Iphigénie, cité plus bas.
[44] Vers le soleil, ou vers l’Empyrée, ce qui probablement revient au même, les deux se trouvant au-dessus de leurs têtes. L’ascension de Béatrice et de Dante s’effectue vers le haut, virtuellement vers le zénith; leur prochaine étape sera le ciel de Mercure, où font leur demeure les âmes qui ont fait le bien, poussées par l’amour de leur réputation et de leur gloire.-351
[45] Cf. Purgatoire, XV, 67-75, où il est expliqué par Virgile comment le bonheur céleste s’augmente avec le nombre des bienheureux.
[46] Mercure se trouve le plus souvent caché par le soleil, dont il est le satellite le plus rapproché.
[47] L’aigle romaine, apportée de Troie par Énée, fut ramenée en Orient, «contre le cours du ciel» et du soleil, du fait de la capitale de l’Empire fixée par Constantin à Byzance, non loin de Troie même.
[48] L’hérésie monophysite ne voyait dans le Christ que sa nature divine. Justinien n’était pas tombé dans cette erreur, que partageait, du moins, sa femme, Théodora: et Agapet Ier, pape de 533 à 536, n’eut pas l’occasion de le faire revenir à la véritable religion.
[49] Toute contradiction contient nécessairement une proposition vraie qui s’oppose à une proposition fausse.
[50] La réorganisation du droit romain, qui fut en réalité l’œuvre de Tribonien et de ses collaborateurs.
[51] L’aigle de Rome, qui n’est que l’emblème de l’Empire. Il n’y a pas de «justes titres» pour s’opposer à l’Empire, en sorte que l’expression de Dante doit être entendue comme une ironie.
[52] Pallas, fils d’Évandre, était mort en combattant aux côtés d’Énéas contre Turnus. Tout ce qui suit est une brève histoire de Rome, dans laquelle apparaissent tour à tour Albe la longue, première ville du Latium, fondée par le ris d’Énée; le combat des trois Horaces contre les trois Curiaces; l’enlèvement des Sabines; le viol de Lucrèce; etc.
[53] Quintius, surnommé Cincinnatus, à cause de ses cheveux frisés, de cincinni, «boucles».
[54] Des habitants de Carthage.
[55] C’est Pompée qui assiégea et détruisit Fiésole.
[56] C’est sous Tibère, le troisième César de Rome, que la vengeance de Dieu, suscitée par le péché d’Adam, prit fin par le sacrifice du Sauveur. Cette «vengeance» fut à son tour suivie, sous le règne de Titus, de la vengeance que Dieu tira de la mort du Christ, en disposant la défaite et la dispersion des juifs.
[57] Les Guelfes s’appuient contre l’Empire sur les lis de France, tandis que les Gibelins se servent du même Empire pour leurs propres fins.
[58] Charles II d’Anjou, roi de Naples, en qui les Guelfes cherchaient un protecteur.