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– Avez-vous un plan tracé, monsieur de Bussi? demanda Fausta.

– Très vague, madame.

– Il faut cependant que Pardaillan meure… le plus tôt possible, insista Fausta en se levant.

– Il mourra! grinça Bussi avec assurance.

Fausta interrogea du regard les trois ordinaires qui grondèrent:

– Il mourra!

Fausta réfléchit un moment, et:

– Messieurs, dit-elle, je vous laisse libres d’agir. Mais si d’ici à lundi vous n’avez pu atteindre Pardaillan, vous viendrez tous les quatre avec moi à la corrida royale. Je vous y donnerai mes instructions et, cette fois, je crois que Pardaillan n’échappera pas.

– C’est bien, madame, dit Bussi, nous y serons tous… si d’ici là nous n’avons pas réussi.

– Allez, messieurs, dit Fausta en les congédiant avec un geste de souveraine.

Dès qu’ils furent dans la vaste salle qui leur servait de dortoir, le premier soin des trois ordinaires fut d’éventrer leurs sacs, de compter les écus et les pistoles et d’aligner les piles d’or et d’argent avec des airs de jubilation intense.

– Trois mille livres! exulta Montsery en faisant sauter dans sa main une poignée de pièces d’or. Jamais je ne me suis vu si riche!

Chalabre se précipita vers son coffre et, tout en enfouissant soigneusement sa part, il grommela:

– Le service de Fausta a du bon!

– Quand tout ceci sera congrûment bu, mangé et joué, il y en aura d’autres, remarqua Sainte-Maline.

– C’est vrai, vivedieu! Fausta nous a promis une gratification, s’écria joyeusement Montsery.

– Quand nous aurons occis Pardaillan, dit Sainte-Maline avec un air contraint.

Une fois encore, ce nom suffit à faire tomber toute leur joie et ils demeurèrent un moment rêveurs.

– M’est avis que nous ne tenons pas encore la gratification, murmura Chalabre en hochant la tête.

Et Montsery, exprimant tout haut ce qu’il pensait tout bas:

– C’est dommage!… Il me plaisait, à moi, ce diable d’homme!

– Il a joliment étrillé le seigneur à la barbe rousse!

– Et de quel air il a traité le roi lui-même!

– Il a rudement mortifié l’insolente morgue de ces seigneurs castillans! Tudieu! Quel homme!

– J’étais fier d’être Français comme lui!… Après tout, ici, nous sommes en pays ennemi!

– C’est pourtant ce même homme que nous devons… attaquer… si nous ne voulons renoncer à la brillante situation que notre bonne fortune nous a fait trouver, fit Sainte-Maline qui, étant le plus âgé, était aussi le plus sérieux et le plus pratique.

– Je le regrette, morbleu!

– Que veux-tu, Montsery, on ne fait pas toujours ce qu’on veut.

– C’est la vie!

– Et puisque la mort de Pardaillan doit nous assurer l’abondance et la prospérité, ma foi tant pis pour Pardaillan! décida Sainte-Maline.

– Au diable le Pardaillan! grogna Chalabre.

– Chacun pour soi et Dieu pour tous! reprit Sainte-Maline.

– Amen! firent les deux autres en éclatant de rire.

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