La complainte de Mandrin autres interprètes: Guy Béart (1969) Nous étions vingt ou trente Brigands dans une bande, Tous habillés de blanc A la mode des, vous m'entendez, Tous habillés de blanc A la mode des marchands. La première volerie Que je fis dans ma vie, C'est d'avoir goupillé La bourse d'un, vous m'entendez, C'est d'avoir goupillé La bourse d'un curé. J'entrai dedans sa chambre, Mon Dieu, qu'elle était grande, J'y trouvai mille écus, Je mis la main, vous m'entendez, J'y trouvai mille écus, Je mis la main dessus. J'entrai dedans une autre Mon Dieu, qu'elle était haute, De robes et de manteaux J'en chargeai trois, vous m'entendez, De robes et de manteaux J'en chargeai trois chariots. Je les portai pour vendre A la foire de Hollande J'les vendis bon marché Ils m'avaient rien, vous m'entendez, J'les vendis bon marché Ils m'avaient rien coûté. Ces messieurs de Grenoble Avec leurs longues robes Et leurs bonnets carrés M'eurent bientôt, vous m'entendez, Et leurs bonnets carrés M'eurent bientôt jugé. Ils m'ont jugé à pendre, Que c'est dur à entendre A pendre et étrangler Sur la place du, vous m'entendez, A pendre et étrangler Sur la place du marché. Monté sur la potence Je regardai la France Je vis mes compagnons A l'ombre d'un, vous m'entendez, Je vis mes compagnons A l'ombre d'un buisson. Compagnons de misère Allez dire à ma mère Qu'elle ne m'reverra plus J' suis un enfant, vous m'entendez, Qu'elle ne m'reverra plus J'suis un enfant perdu. La complainte du corsaire Paroles: Henri Contet. Musique: André Grassi 1946 autres interprètes: Jean Denis, Armand Mestral Où es-tu camarade, où es-tu? En prison, et le ciel par dessus Que fais-tu camarade, que fais-tu? Un corsaire est toujours un pendu! Tous feux éteints tambour battant C'est aujourd'hui que l'on me pend Et voilà ma dernière escale Je n'irai plus dessus la mer Mais j'entrerai en mon enfer En bousculant cent mille étoiles Ce que j'ai fait? Dieu seul le sait Je n'étais pas aussi mauvais Que le bourreau qui va me pendre. J'aimais chanter oh hisse et haut, J'aimais aussi mon grand bateau Qui savait si bien me comprendre. Où es-tu camarade, où es-tu? En prison, et le ciel par dessus Que fais-tu camarade, que fais-tu? Un corsaire est toujours un pendu! J'en ai passé des nuits d'amour Chacun pour soi, chacun son tour, Nous fallait bien notre pitance Mais pas un cœur ne va pleurer Quand je serai mort et enterré Tout seul au pied de ma potence. Le vent de mer nous a trahis, Nous a fait voir de beaux pays, Et puis voilà où nous en sommes! Le vent de mer est un menteur, Les braves gens n'ont pas de cœur Et le corsaire est un pauvre homme Où es-tu camarade, où es-tu? En prison, et le ciel par dessus Que fais-tu camarade, que fais-tu? Un corsaire est toujours un pendu! La confession d'un gueux
Paroles: H. Delattre et Antoine Queyriaux. Musique: Adelmar Sablon Quoi, monsieur l'curé, faudrait que j' vous dise Si j' crois au Bon Dieu? Vous vous moquez d' moi! Si j' viens d' temps en temps dans votre vieille église C'est qu' vous la chauffez et qu' dehors, j'ai froid. Mais comme cependant vous m' semblez brave homme, J' viens vous faire tout d' même un brin d' confession. J' suis qu'un va-nu-pieds, une pauvre bête de somme, Je n'ai qu' l'expérience et pas d'instruction; Mais j' peux bien vous l' dire en toute liberté, Ces grands mots qu' partout On lit à la ronde, Votre Egalité, votre Fraternité, Ils sont écrits là pour se foutre du monde! T'nez, monsieur l' curé, quand j'étais tout mioche, J' n'ai pas eu d' baisers, mais j'ai r'çu des coups, On m'en a fichu d' ces sacrées taloches. Il est vrai qu'mon père n'm'aimait pas beaucoup. A douze ans, on m' mit en apprentissage, j' fus l'souffre-douleur d' certains ouvriers. Alors, un beau jour, je perdis courage Et j' partis, montrant l'poing à l'atelier. Quand vous dites qu'il faut aimer son prochain, Et que j' me souviens de toutes mes misères! C'est toujours Abel qu'est tué par Caïn! Ne prêchez donc pas qu' tous les hommes sont frères. T'nez, monsieur l'curé, à vingt ans à peine, Je partis soldat, j' croyais être heureux, Si j' n'eus pas à m' plaindre de mon capitaine, J' n'en dis pas autant des p'tits galonneux. Ils m' traitaient d' crétin, d' fainéant, d' sale bourrique. Y en a qui trouvent ça très intelligent, Et j'ai ramassé pour cinq ans d'Afrique Parc' qu'un jour, furieux, j' frappai mon sergent. J' sais pas si là-haut, c' que dans votre fourbi Vous app'lez l'Enfer, c'est une chose atroce; Mais j' vous garantis qu' sortant d' Biribi, Le mouton l' plus doux d'vient une bête féroce! T'nez, monsieur l'curé, je n' veux plus rien dire Parc' que j' sens qu' maintenant, j'irais p't-être trop loin, Repoussé d' partout, j' termine mon martyre Jusqu'à c'qu'on m'ramasse crevé dans quéqu' coin. Y a une Société qui protège les bêtes, Qui les r'cueille et veille à c'qu'elles n' meurent pas d' faim. Savez-vous c' qu'en pensent quelques mauvaises têtes? Qu'on en fasse autant pour le genre humain. Aimer les quatre-pattes, certainement qu' c'est beau Et les philanthropes ont raison en somme, Je n' suis pas jaloux du sort des cabots; Mais, avant les chiens, faut nourrir les hommes! |