– Dis plutôt, Montsery, qu’il est certain que nous nous rencontrerons encore, monsieur et nous, puisque, aussi bien, nous ne sommes venus en Espagne que dans cette intention.
Pardaillan écoutait très gravement, en approuvant de la tête, et Sainte-Maline ajouta encore:
– Croyez bien, monsieur, que nous ferons de notre mieux pour vous épargner le regret de nous tuer.
– Ajoute, Sainte-Maline, que si M. de Pardaillan veut bien nous dire qu’il éprouverait un certain regret à nous enlever la vie, nous serions, nous, franchement désolés de la perdre, conclut Montsery.
Et ils éclatèrent de rire.
– Au revoir, monsieur de Pardaillan!
– Nous vous laissons le champ libre.
– À vous revoir, messieurs, répondit Pardaillan, toujours grave.
Chalabre, Sainte-Maline et Montsery se prirent par le bras et s’éloignèrent en riant très fort, en plaisantant tout haut, ainsi qu’il était de bon ton pour des mignons.
Pardaillan, demeuré immobile, entendit encore:
– Mordieu! la piteuse figure que faisait le brave des braves, railla férocement une voix qu’il reconnut pour être celle de Montsery.
Puis il n’entendit plus rien. Alors il poussa un soupir mélancolique, haussa les épaules, et prenant le bras de don César:
– Allons souper, dit-il en l’entraînant vers l’auberge. Il me semble que vous devez avoir faim.