À ce moment, son cheval ayant fait un écart, il le morigéna, puis le flatta doucement de la main et reprit le cours de ses réflexions.
– Donc l’effondrement de ma situation politique est complet… Il est vrai que j’ai la consolation d’avoir sauvé une partie de ma fortune, que j’avais eu la prévoyante idée de mettre à l’abri. C’est quelque chose, mais c’est peu. Et voilà que, au moment précis où tout croule sous moi, au moment où je n’ai plus d’autre alternative que de me retirer à l’étranger et d’y vivre obscur et oublié, à ce moment survient cette brave, cette excellente, cette digne abbesse – que le Ciel la comble de ses grâces! – qui me remet le pied à l’étrier, qui me donne le moyen de me refaire une situation magnifique auprès de Philippe, car je n’aurai pas la naïveté de m’attacher à Fausta, non, par l’enfer! Bussi s’adresse toujours à Dieu lui-même et non à ses saints. Et par surcroît, cette sainte abbesse me donne le moyen de me venger du sire de Pardaillan!… Tous les bonheurs à la fois, et du coup ma fortune est assurée, si je ne suis pas un niais… et sans me vanter, j’ai toujours entendu dire que Bussi-Leclerc avait la tête aussi bien organisée que le poignet solide… Reste la question des sacripants qu’il me faudrait pour me seconder, mais bah! je trouverai toujours bien mon affaire en route.